En Tunisie, le chantier de la refonte du système bancaire demeure primordial mais avance lentement. Plusieurs initiatives vont dans le bon sens.
La recapitalisation des banques publiques, en 2015, a ainsi permis de porter les ratios de fonds propres de l’ensemble du système à 12.2%, soit un niveau supérieur aux exigences réglementaires.
A cela s’ajoute l’adoption d’une nouvelle loi bancaire, qui assure notamment une meilleure garantie des dépôts, ou encore l’élargissement des prérogatives de la Banque centrale de Tunisie et la confirmation de son indépendance.
Pourtant, la problématique de la solidité du système bancaire reste entière. De nombreuses banques sont encore tributaires des liquidités injectées par la Banque centrale. Surtout, la qualité du portefeuille de prêts est très mauvaise. Le taux de créances douteuses s’est établi à 16% fin 2015 et la dynamique sera défavorable en 2016 au regard de la faiblesse de l’activité économique et des difficultés du secteur du tourisme (environ un quart du total des créances douteuses). De plus, le taux de provisionnement est faible, à 65%.
Ainsi, la recapitalisation des banques publiques pourrait s’avérer insuffisante pour faire face à la montée du risque de crédit. Le système bancaire se caractérise par une dichotomie entre les banques privées, plutôt saines, et publiques (plus d’un tiers des actifs du système) dont la part des prêts non performants est quasiment supérieure de dix points à la moyenne nationale. Or, la décision des autorités de ne pas créer une société de gestion d’actifs à l’échelle du système, pour faire face aux créances sinistrées, et de traiter au cas par cas donne à penser que la restructuration des banques publiques sera un processus assez long. D’autant que sans une amélioration de la gouvernance, rien ne garantit que les erreurs du passé ne se reproduiront pas.