Suite à l’annonce de la formation d’un gouvernement d’union nationale, les politicards ont engagé des campagnes, faisant valoir leurs prétentions. Contexte de surenchère politicienne dans l’opposition, crispations et tâtonnements dans la majorité, colère et perte de confiance de l’opinion envers les dirigeants.
La lutte des prétendants a dissipé le vernis du moment, puisqu’on occulte les références et les signes de distinction et on remet en cause les critères de compétence. La fantasmagorie prend hélas le relais de l’observation des données objectives et, par conséquent, des analyses géopolitiques.
Cette conjoncture atteste un échec de gouvernance et non de gouvernement. Faillite du politique, la coalition gouvernementale a érigé comme règle le processus du consensus, gommant les choix politiques de ses composantes. D’ailleurs, on semble limiter l’opération à un simple changement de chef du gouvernement. Tous les membres du gouvernement actuel, soutenus par leurs partis, tiennent à garder leur charge, sinon à assurer leur promotion.
Abandonnant sa réserve, le chef du gouvernement a fait valoir le parlementarisme de la deuxième République et a demandé de se présenter devant l’ARP, ne serait-ce pour une réunion formelle !
Les observateurs ne voyaient aucun casus belli dans son récent entretien télévisé. Ce geste d’auto-défense lui a permis de rappeler les membres du gouvernement au sens du collectif et à la cohérence. Est-ce à dire que ses partenaires ne jouent pas selon les règles établies ? En tout cas, Carthage et la Kasbah observent un silence tactique, assurant ainsi la continuité gouvernementale.
Le concours de lobbies l’emporterait-il sur la légitimité ? Faut-il créditer les thèses de la rumeur publique, relayée par les réseaux sociaux ?
L’état d’urgence socioéconomique nécessite la formation d’un gouvernement de compétences, dans la gestion économique, bénéficiant de l’appui de la classe politique. Il s’agirait d’effectuer un diagnostic global, qui concernerait la crise économique, les attentes sociales, la révision de la stratégie éducative et culturelle et bien entendu remettre le pays au travail. Vérité de La Palice, nous sommes tous responsables de la récession.
Reformulant la feuille de route de consensus, il faudrait enrichir ses têtes de chapitres par la définition de programmes répondant aux enjeux. Le choix d’un chef de gouvernement dont la compétence est avérée devrait s’accompagner de l’affichage d’une offre politique innovante, au-delà des clivages partisans.