Les Jeux olympiques d’été de Rio 2016, cet événement sportif planétaire, ont démarré le 5 août 2016 à Rio de Janeiro, suivis des Jeux paralympiques, du 7 au 18 septembre.
La participation de la Tunisie aux Jeux olympiques, célébrés durant plus d’un millénaire, remonte à 1960. Elle a été constante, excepté en 1976 et 1980, éditions que la Tunisie boycotta suite à des positionnements politiques, pour protester contre la participation de la Nouvelle-Zélande (dont l’équipe avait fait une tournée en Afrique du Sud où régnait l’apartheid) et contre l’invasion soviétique en Afghanistan, les JO ayant eu lieu à Moscou.
La présence de la Tunisie aux Jeux paralympiques d’été est plus récente ; elle remonte à 1988. Cette année-là, nous avions été représentés par un seul athlète, Monaam Elabed, qui avait remporté deux médailles de bronze. Depuis, nos athlètes qualifiés, guidés par une volonté de fer, ne ratent pas une édition et ne cessent de se distinguer.
Si aux Jeux olympiques, nous ne comptons que 3 champions médaillés d’or dont j’omets de citer les noms momentanément, vous laissant l’exercice de le faire, en Paralympiques, nous en comptons 32. Pourriez-vous en citer 3 ?
Les noms de ces valeureux sportifs sont connus des spécialistes et relayés par les médias, à l’exploit, mais aussitôt les Jeux finis, ils tombent dans l’anonymat. Alors, à travers cette tribune, je voudrais leur rendre hommage en les nommant (voir tableau) et j’appelle les médias, les dirigeants, … les citoyens dans leur ensemble à faire montre de davantage d’intérêt et d’équité envers ces champions.
Pour l’édition 2016 des Jeux olympiques, 59 qualifiés (20 F, 39 H) et 30 athlètes paralympiques (17 F, 13 H) tenteront de représenter la Tunisie du mieux qu’ils pourront, avec le rêve de la hausser sur la plus haute marche du podium. Un constat : la gent féminine est bien représentée, voire plus importante chez les athlètes paralympiques. En Tunisie, les chances sont offertes autant à l’homme qu’à la femme pour pratiquer le sport de haut niveau et le sport en général. C’est le résultat d’une politique d’égalité des genres, qui était au départ imposée par le pouvoir politique. Et quand le pouvoir politique, à l’occasion de l’écriture de la Constitution de 2011, a tenté de la changer, les citoyens s’y sont opposés. Ils sont sortis manifester en masse un 13 août 2012 dans les régions et la capitale, faisant de l’égalité homme-femme une exigence citoyenne, et non la demande d’une élite progressiste ou une politique d’Etat, comme elle le fut auparavant.
Cette année, la préparation des Jeux olympiques a connu un fait divers : Slim Trabelsi, le lutteur catégorie 125 kg a faussé compagnie à la sélection tunisienne, à l’occasion d’un stage de préparation effectué en Pologne, pour rejoindre la France. Ce qualifié aux JO, qui a investi au moins une décennie de sa vie pour être à ce niveau d’excellence sportive, stoppe net sa carrière, préférant le statut de migrant sans papiers. Il y a un malaise dans la baraque !
Dans l’histoire antique des Jeux olympiques, si les vainqueurs ne recevaient aucune rétribution financière, ils devenaient d’importants dignitaires dans leur cité d’origine. C’était un ascenseur social !
Alors, le geste de Slim Trabelsi, je ne l’excuse pas, je le comprends.
Au-delà des mesures coercitives prises pour endiguer cette migration (confiscation des passeports par les chefs des délégations ou … autres), il faut chercher le mal ou les maux et les soigner. A cet acte comme à l’abandon du sport à un moment de la carrière suite au choix à faire entre sport et études, la raison est la même : notre échec dans la gestion de la double carrière sportive-scolaire. Nous perdons des champions potentiels, qui font le choix des études, et rendons ceux qui ont choisi le sport aigris, par le fait qu’ils ne trouvent pas les moyens nécessaires pour booster leur carrière sportive au summum et qui, par ce choix, amoindrissent leurs chances de trouver un emploi, n’ayant pas de diplômes.
Le lycée sportif avait été construit justement pour permettre de mener en parallèle les études et un cursus d’élite sportive. Primo, force est de constater qu’il ne remplit pas son rôle. Secundo, au niveau du Supérieur, rien n’est fait pour permettre à ces jeunes de continuer à relever le défi du challenge sportif.
Revenons sur le momentanément caché, les noms de nos champions olympiques : Mohamed Gammoudi, Oussama Mellouli et Habiba Ghribi.
A voir de près les profils de ces champions, à l’exception de M. Gammoudi, les deux autres se sont expatriés pour bénéficier de plus de moyens et d’encadrement. A ce niveau d’excellence sportive, pour être un véritable rival olympique, le recours au coaching sportif personnel n’est pas un luxe, mais une nécessité et cela, nos institutions ne l’assurent pas. Tant que c’est le cas, nous continuerons à avoir des médaillés d’or aux événements sportifs internationaux par un heureux hasard.
Pour pallier le manque de moyens, nos athlètes s’activent eux-mêmes à trouver des sponsors pour constituer une manne afin d’améliorer leur préparation. Ils n’y arrivent pas (à quelques exceptions près). Moi-même, j’ai testé, et mes tentatives de trouver des sponsors pour deux qualifiées aux JO 2016 se sont soldées par un échec.
Pour finir, je veux faire le plaidoyer pour une Tunisie Olympique. La Tunisie a organisé, à deux reprises, les Jeux Méditerranéens, en 1967 et en 2000. N’est-il pas temps de penser à l’organisation des Jeux olympiques, lesquels ont surtout été organisés en Europe, en Amérique et en Asie, et jamais en Afrique ? La Tunisie en est capable, parce qu’elle a l’expérience dans l’organisation d’événements sportifs internationaux, et surtout parce qu’elle fourmille de compétences pour porter ce projet. L’infrastructure manquante, un frein ? Non, elle sera construite à cette occasion, et les installations existantes seront modernisées.
Je rêve ? Laissez-moi rêver en espérant que ce rêve soit prémonitoire
Bonne chance à nos qualifiés.