« On nous cache tout. On ne nous dit rien. » Ce refrain de Jacques Dutronc peut être repris par des citoyens tunisiens, qui attendent la réponse à leurs attentes. Les effets d’annonce du gouvernement, contredit par les rumeurs sur la gravité de l’endettement, l’épuisement des ressources de l’Etat etc. ne semblent pas les satisfaire.
Peuvent-ils décrypter la parole publique, pour mieux comprendre leur présent et comment leur société se gouverne? La politique, selon de La Palice, fait valoir le droit de vérité, exigence essentielle, afin de faire face aux défis, assumer les difficultés du vécu et accepter, éventuellement, les réformes douloureuses.
Cerise sur le gâteau, la question sanitaire est actuellement au cœur de la polémique. Les deux graves affaires de l’usage des stents périmés et d’un anesthésiant dangereux ont suscité l’inquiétude générale, puisqu’il y a eu mort d’homme. Dans le cas des stents périmés, 14 cliniques de différentes régions du pays ont été impliquées. L’enquête a également révélé que ces stents ont été implantés sur 107 patients. A juste raison, l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT) a dénoncé le « scandale » des stents cardiaques périmés. Elle exige l’application de « sanctions administratives maximales » à l’encontre de toutes les parties impliquées, qu’il s’agisse des fournisseurs du matériel, des cliniques, des médecins et des contrôleurs, « en attendant que la justice prononce sa décision ». A ce stade et jusqu’à preuve du contraire, les sanctions paraissent plutôt symboliques. Or, l’affaire révèle une baisse de vigilance, un relâchement des services de contrôle de l’Etat.
Autre fait grave, la découverte de la maladie de la peste chez 37 moutons, à Zaârour dans la délégation de Tinja à Bizerte. La découverte de foyers de la peste ovine menace notre bétail et révélerait un relâchement des services de contrôle.
Le parlement devrait être saisi, pour traiter ces différentes affaires, assurer le suivi et mettre à l’ordre du jour une mobilisation générale. Après tout, le contrôle de l’action du gouvernement est une de ses missions.
En attendant, les appareils gouvernementaux sont en activité. Alors que le gouvernement démissionnaire traite le quotidien, le nouveau chef de gouvernement forme son équipe. Son discours sur le rajeunissement et la féminisation de l’équipe ministérielle peut paraître court. Il porte, s’il est confirmé par un choix de grandes compétences économiques et sociales, transgressant les revendications des partis, relatives à la répartition des postes. Mais, paradoxe du gouvernement, ces effets d’annonces politiques ne semblent pas prendre en compte les difficultés du vécu social et les problèmes du jour.