Voici une expression favorite et assez galvaudée par les économistes tunisiens toutes tendances confondues et qui fait peur aux Tunisiens qui regardent la situation économique à travers leurs paniers.
Même avant que Youssef Chahed, le chef du gouvernement d’union nationale, ne prononce ce mot qui fâche, lors de son premier discours devant l’Assemblée des représentants du peuple, d’autres, à l’instar de Mehdi Jomaa, avaient déjà brandi cette menace pendant leur mandat.
Cependant, Achraf Ayadi, économiste et expert financier, évoque le terme austérité en précisant sa nature et en y voyant une austérité positive, ce qui fait toute la différence.
Que recommande donc notre expert ? En premier lieu, il déconseille catégoriquement d’augmenter les impôts, mais plutôt d’agir sur la collecte et, partant, la prévention de la fraude. En deuxième lieu, il préconise de ne pas baisser les investissements publics, qui sont déjà très faibles, dans l’infrastructure et le développement et de s’attaquer plutôt aux dépenses superflues de l’Etat. De plus, Achraf Ayadi souhaiterait que l’Etat se défasse de plusieurs fardeaux inutiles et coûteux dans le cadre de PPP ou de privatisation pures et simples. Et en troisième lieu, il a déconseillé la réduction des dépenses de santé, car cela pénaliserait directement les couches faibles et la classe moyenne au premier chef.
Dans le même contexte, il faut s’assurer que les médecins du secteur privé paient leurs impôts.
Cependant toutes ces mesures ne sauraient être efficaces si l’Etat n’impose pas son autorité dans l’application ferme de la loi à tous les niveaux et dans tous les secteurs sans exception. Ainsi, le déficit commercial serait mieux maîtrisé, au bénéfice de la balance des paiements.
En parallèle, l’expert a précisé qu’il est indispensable de projeter la Tunisie dans un avenir technologique et industriel. En somme, la Tunisie doit épouser son temps, sortir du misérabilisme de la sous-traitance, et faire monter les PME dans leurs chaînes de valeur sectorielles respectives. Autrement, il n’y aura pas de croissance stable à long terme.
« Mon approche n’est pas idéologique mais plutôt pragmatique, car il est temps de mener les réformes que nous avons à mener par nous-mêmes. Les intérêts de quelques corporations ne doivent jamais être placés au-dessus de l’intérêt collectif, de loin supérieur à tous les autres. Nous sommes déjà en retard », avertit-il en conclusion.