76,6% des Tunisiens seraient inquiets pour l’avenir de leur pays. Ils estiment que le traitement de la crise économico-sociale est désormais prioritaire (60,3 %) et mettent en avant la nécessité d’améliorer l’économie, de réduire le chômage, de considérer la baisse du pouvoir d’achat et d’assurer le développement régional.
Ce sondage d’opinion, réalisé les 25 et 26 août par le cabinet Sigma Conseil, révèle que les personnes interrogées estiment que la Tunisie n’est pas sur la bonne voie (voir le baromètre Sigma conseil de septembre, in hebdomadaire Maghreb, 6 septembre 2016). Par ailleurs, 49,4% des sondés ont exprimé leur manque de confiance en Youssef Chahed, le nouveau chef de gouvernement, pour diriger le pays dans la situation actuelle. Beaucoup d’entre eux estiment, que derrière la surcommunication laborieuse, rien n’a vraiment changé.
La journée de colère de la ville de Ben Guardane, le 5 septembre et la multiplication des sit-in, suite à la mort d’un contrebandier et les mouvements de protestation de Kasserine, depuis le 4 septembre, constituent des défis au nouveau gouvernement.
Au-delà de l’inquiétude, l’actualité atteste un passage à l’acte, qui risque de constituer les prémices d’une explosion sociale. Il y a, en tout cas, un risque d’escalade, une semaine après la prise du pouvoir du nouveau gouvernement
La réunion de solidarité du barreau avec la région sinistrée de Kasserine et la motion de défense du Bureau régional de l’UGTT, de Medenine, en faveur des protestataires de Ben Guerdane, le 6 septembre, permettent un retour aux normes, optant pour des revendications pacifiques.
Rappelons d’ailleurs que les bureaux régionaux et locaux de l’UGTT et le barreau tunisien ont accompagné la « révolution » tunisienne et ont effectivement soutenu ses acteurs.
De fait, la crise ne cesse de sévir. La population fait valoir ces situations d’urgence, alors que le gouvernement n’est pas en mesure de faire des miracles. Les justifications pour expliquer une telle contre-performance ne manquent pas.
En matière de croissance et de chômage, on ne gagne pas les guerres qu’on ne mène pas. Mais soyons lucide et compréhensif. Il faut donner du temps au temps, écouter les doléances et multiplier les dialogues. Première exigence, il faut persuader, donner l’exemple, agir rapidement.
La reconquête de l’opinion devrait être à l’ordre du jour. Elle nécessite de prendre en compte les problèmes du quotidien et le panier de la ménagère.
Il faudrait assurer un renversement de situations. Il faudrait consulter, à cette fin, les grands experts de l’économie et des marchés et être à l’écoute de l’UGTT, pour éviter les solutions simplistes.