Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, est revenu, ce matin, sur la situation actuelle de la Tunisie ainsi que sur la conférence internationale Tunisia 2020 devant se tenir prochainement.
A cet égard, il affirmé que la situation des finances publiques est préoccupante, avec un déficit budgétaire de l’ordre de 6,5% du PIB, et une dette qui a doublé en cinq ans pour atteindre 63% du PIB. Sachant qu’en prenant en compte les garanties de l’Etat, cette dette s’élève à 80% du PIB.
De plus, le problème réel en Tunisie est aujourd’hui le taux de pauvreté qui est estimé à 16% du PIB. Ce taux pourrait atteindre même 28% avec des pics de 55% dans certaines régions du pays. Cela démontre que soixante ans après l’indépendance, le pays est encore très pauvre, ce qui est strictement inadmissible. Face à cette situation qui perdure et qui est, selon M. Abdelkefi, extrêmement inquiétante, le gouvernement d’Union nationale est tenu de dire la vérité en premier lieu.
Dans ce sens, le ministre a précisé que les politiques de l’époque ne savent pas comment faire face à la pauvreté, et ce, soit par manque d’imagination soit à cause des pressions sociales. Pis encore, la situation s’est aggravée avec le recrutement en masse dans la fonction publique, vu que la masse salariale est passée de 6,5 milliards de dinars avant la révolution à 13,2 milliards de dinars en 2016, représentant 70% des revenus fiscaux du pays. Et si les accords signés par les gouvernements qui ont précédé le gouvernement Chahed entraient en application, la masse salariale pourrait atteindre 15 milliards de dinars en 2017.
C’est pourquoi, le gouvernement est tenu d’aller vers les partenaires sociaux (syndicats et patronat) pour commencer à décrypter la situation, leur demander de ne pas appliquer les augmentations salariales et d’investir en Tunisie. Cela éviterait au gouvernement de devoir s’endetter pour payer les salaires, une spirale destructrice à éviter impérativement.
Le gouvernement doit s’ engager, en outre, à mettre en place les mesures qui s’imposent, notamment la loi de Finances 2017. Sachant que tout ce qui a été médiatisé n’est pas la vraie LF 2017, ce n’est, selon ses propos, « qu’une mauvaise fuite ».
Malgré cette situation morose, Fadhel Abdelkefi a déclaré que la Tunisie n’a pas bénéficié de l’attention et de l’aide requises et qu’elle mérite d’être mieux traitée. Ses priorités d’aujourd’hui qui sont le chômage, le taux de pauvreté et les finances publiques imposent tout simplement à ce que la communauté internationale et nationale des investisseurs commence à investir en Tunisie surtout qu’on est plus ou moins stabilisé au niveau politique et sécuritaire.
Il faut que les partenaires sachent que si la Tunisie a instauré l’état d’urgence dans sa guerre contre le terrorisme, elle est aussi en état d’urgence économique. Ce qui a imposé l’élaboration d’une loi d’urgence économique.
Revenant sur la prochaine Conférence internationale sur l’investissement, M. Abdelkefi a fait savoir que les préparatifs vont bon train. Le focus est essentiellement mis sur le privé européen, les fonds de capital-investissement, le privé tunisien…
Parallèlement, les investisseurs tunisiens sont appelés à venir à cette conférence avec leurs idées de projets, parce que cette rencontre sera une conférence d’investissement et non pas de donateurs comme il a été médiatisé de manière erronée.
En conclusion, le ministre a souligné qu’à ce jour, le bon diagnostic a été fait par tout le monde et il est temps de s’attaquer au mal, notamment que l’on mette à niveau la bureaucratie qui handicape l’investissement. La Tunisie possède un énorme potentiel, il faut que l’espoir soit de la même hauteur.