Invité pour participer à un débat croisé organisé par notre magazine L’Economiste Maghrébin sur la situation financière et économique du pays, l’universitaire et économiste Mongi Boughezala a évoqué le poids des salaires dans le budget de l’Etat.
Mongi Boughezala s’est arrêté sur le sureffectif des entreprises publiques et sur le doublement de la masse salariale entre 2010 et 2016.
L’universitaire pense qu’il y a eu d’énormes erreurs après la révolution. « On a cédé à la pression et à la tentation. On a agi de manière populiste et ce n’est ni dans l’intérêt des travailleurs-intérimaires intégrés, ni dans celui des entreprises sous-traitantes qui les employaient. Cela pour dire que la réintégration des intermittents était une erreur. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas s’intéresser à leur situation, parce qu’il y avait une injustice », a-t-il
Toutefois, M. Boughezala pense qu’il aurait été plus judicieux pour l’Etat d’éviter de grever son budget par cette nouvelle charge en traitant leur problème avec les entreprises qui les exploitaient et en amenant ces dernières à appliquer la loi, à leur garantir une couverture sociale, à leur accorder un salaire décent, à leur assurer une situation régulière et en même temps, à réaliser des bénéfices normaux.
Il a, par la même occasion, rappelé que certaines entreprises qui employaient ces intermittents dans le cadre de la sous-traitance, les sous payaient et vendaient leurs services au double et au triple aux maisons mères. « Et cela n’est pas normal », a-t-il estimé.
Et d’ajouter qu’on a opté pour la solution de facilité, celle de les réintégrer et d’aggraver la situation des finances publiques et ainsi, de ré-instituer la mauvaise gestion.
L’économiste a précisé que les intérimaires réintégrés préféraient avoir une planque et bénéficier en même temps de salaires garantis. C’était le mauvais choix, c’est le moins qu’on puisse dire.
S’agissant au mode de fonctionnement des entreprises publiques, l’universitaire n’a pas manqué de souligner qu’il y avait une croyance en la supériorité du public. « On croyait qu’en confiant aux fonctionnaires et bureaucrates la gestion des affaires publiques, c’était nécessairement dans l’intérêt du pays et de l’Etat, alors que généralement, c’est loin d’être le cas. Les fonctionnaires et les bureaucrates ne savent pas gérer les entreprises », explique M. Boughezala.
Il a, par ailleurs, affirmé qu’on a un sérieux problème de finances publiques, d’où l’enjeu d’un bon diagnostic, d’une analyse sérieuse pour identifier les problèmes et préconiser des solutions.
Pour conclure ses propos sur la problématique des salaires, l’universitaire pense que tout commence par une bonne analyse, même si le pays n’a plus le temps d’attendre.
Optimiste M. Boughezala a fait savoir que nous ne sommes pas nécessairement dans une situation de crise, car l’Etat peut continuer à fonctionner comme il le fait depuis toujours, tant bien que mal, avec ses dysfonctionnements, ses défaillances, sans s’effondrer totalement.