C’est dans ce cadre de la 4e édition du forum de la gouvernance que le Centre tunisien de gouvernance d’entreprise (CTGE), relevant de l’IACE, a organisé une journée d’étude et de réflexion sur le thème “ Gouvernance des Associations : Bonnes pratiques, transparence, évitement des conflits d’intérêts”.
Tout comme la plupart des entreprises aujourd’hui, les associations seront amenées à s’interroger sur leur propre empreinte. Cette initiative permet de contribuer à mieux réfléchir sur leur avenir. Plus de 18.000 associations voient le jour depuis 2011. Si cela représente un accroissement fulgurant, il n’en demeure pas moins que l’utilité sociale doit aussi augmenter. Elles doivent se différencier.
Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, a déclaré, pour sa part, que pour assurer la pérennité d’une association, on doit se référer à des obligations de transparence. Il précise : « Quand on parle d’ obligations, on parle de l’aspect financier, à titre d’exemple comment gérer son projet associatif. Or le rôle du tissu associatif dans la société civile est très important dans la démocratie participative à tous les niveaux ( la protection de l’environnement et du patrimoine, l’encadrement des femmes battues etc.).
Il indique, par ailleurs, l’estimation doit porter sur l’utilité sociale des missions de l’association et la qualité des prestations fournies. Ce qui permet d’assurer la pérennité de l’action et servir l’intérêt général, tout en formalisant et en évaluant les bonnes pratiques.
La gouvernance des associations est un enjeu prédominant, affirme, de son côté, Moez Joudi, président de l’Association tunisienne de la bonne gouvernance (ATG).
Il annonce, compte tenu de l’état des lieux des associations, que seules 20 associations respectent le cadre juridique, à l’issue d’une enquête de terrain, en poursuivant: « On remarque un manque de transparence, soit par ignorance de la loi ou par mauvaise foi. Cela dit, il faut reconnaître que certaines associations ont été créées pour des objectifs occultes tels que le financement indirect du terrorisme de certains partis politiques ou tout ce qui se rapporte à la contrebande et/au blanchiment d’argent », souligne-t-il.
Pour lutter contre les mauvaises pratiques, il va falloir un travail de fond pour perfectionner encore plus et rendre ces associations plus transparentes tout en respectant les règles de bonne gouvernance. C’est ce que recommande M. Joudi, comme solution.
Qu’en pensent les associations?
De son côté, Zied Hassen, président de l’association Tunisia Ecotourisme network, souligne quant au respect des règles de la bonne gouvernance : « Nous sommes à des années lumière ».
Il avance deux raisons pour expliquer ce laxisme : l’absence de contrôle et la seconde raison est liée au sort de l’argent. Certaines associations ont été créées pour des intérêts personnels et à des fins politiques ou économiques.
Pour Majdi Hassen, Executive Counsellor de l’IACE, la bonne gouvernance devrait être basée sur la confiance. D’après lui, le cadre juridique organisant les associations devrait être revu, mais il faudrait avoir aussi un organe indépendant ou une commission indépendante qui veille au bon contrôle des associations.
Hassen Zargouni, directeur général de Sigma Conseil, a déclaré pour sa part que “ la gouvernance des associations en Tunisie est un élément très important dans le processus démocratique. Mais ce qui compte aujourd’hui est de déterminer les meilleures pratiques telles que la séparation du board et du management, élément essentiel pour la bonne conduite des affaires de l’association« .
D’après lui, le mélange entre le board et le management s’éloigne beaucoup de la bonne gouvernance et de la transparence, notamment dans la manière de gérer les associations.
M Zargouni estime par ailleurs que la vie associative est une culture et un état d’esprit qui doit se développer davantage comme par exemple aux Pays-Bas ou aux USA où les associations sont très développées. Selon lui, il s’agit d’une culture à acquérir en Tunisie.
Parmi les solutions que recommande le forum : un guide de bonnes pratiques de gouvernance qui comporte trois parties : la première concerne la structure et les différents organes de gouvernance de l’association et présente leurs droits et leurs obligations. La deuxième sera dédiée aux mécanismes de contrôle interne et externe tout en mettant en évidence la question des conflits d’intérêts. Et la dernière partie concerne l’indépendance, la transparence et la communication.