Bien qu’élu le 8 novembre dernier, Donald Trump ne prendra ses fonctions qu’après son investiture officielle, le 20 janvier prochain, lors de l’ « « Inauguration Day ». Les Etats-Unis vivent donc une période de transition, durant laquelle Barack Obama demeure le président en exercice.
L’histoire politique américaine regorge de transitions présidentielles difficiles. Celle à laquelle on assiste semble au contraire se dérouler dans un esprit de « fair-play ». Elle est à l’image des dernières expériences en la matière (passation de pouvoir entre G. W. Bush et B. Obama par exemple), où les principaux protagonistes ont affiché une volonté de garantir à la fois l’unité nationale et la continuité de l’Etat. En outre, la transition présidentielle aux États-Unis est facilitée par un cadre juridique prédéfini.
Donald Trump dispose de près de 11 semaines pour préparer son arrivée à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2017. Le président élu poursuit actuellement ses consultations en vue de former la prochaine administration. Juridiquement encadrée par le Presidential Transition Act, cette période revêt un caractère crucial dans le processus puisqu’il doit permettre au futur président des États-Unis de choisir et nommer les principaux collaborateurs de son action : les Secrétaires ou « ministres » de son cabinet, les dirigeants de l’appareil administratif fédéral et des agences fédérales.
C’est dans une certaine confusion que des noms de néoconservateurs circulent avec insistance pour le poste de Secrétaire d’Etat (ministre des Affaires étrangères), celui de l’ancien maire de New-York Rudy Giuliani, mais aussi celui de John Bolton ou du sénateur Bob Corker qui préside la commission des Affaires étrangères, ont été avancés pour le poste de secrétaire d’Etat. Donald Trump a déjà nommé ses deux plus proches collaborateurs, soit son futur secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, et un haut conseiller en charge de la stratégie, Steve Bannon, le patron du site d’information d’extrême droite « Breitbart ».
Face aux discours xénophobes tenus par le candidat Trump durant la campagne, le maire démocrate de New York Bill de Blasio a rencontré le président élu et l’a prévenu que sa ville, comme beaucoup d’autres dans le pays, ferait « tout pour protéger » les immigrés (Trump s’est engagé à expulser 3 millions d’immigrés clandestins). « New York est la ville des immigrés » ; « Je lui ai dit que nous étions inquiets, que nous voulions montrer à tous les New-Yorkais, y compris les musulmans, qu’ils sont les bienvenus » a déclaré M. de Blasio à sa sortie de la « Trump Tower », où réside encore le président élu.
Cette période de transition entre novembre et janvier est également l’objet de procédures de vetting. Le « vetting process » répond à la volonté de vérifier que certaines personnalités sont bien en état et dignes d’assumer les fonctions auxquelles elles sont pressenties. Ce contrôle de la compatibilité d’un candidat avec l’exercice d’une fonction politiquement sensible au sein de l’appareil d’Etat (ministre, juge à la Cour suprême, candidat à la vice-présidence, patron d’une agence fédérale, ambassadeur, conseiller) se décline en deux volets.
Le premier consiste à soumettre à l’impétrant un questionnaire extrêmement détaillé, couvrant tous les aspects de sa vie. Ce document est élaboré par le FBI et le Bureau d’éthique gouvernementale, un organisme indépendant qui examine les possibles conflits d’intérêt.
Le second volet du « vetting process » relève de l’enquête de terrain proprement dite. C’est le staff présidentiel lui-même qui s’en charge, en dépêchant en général de jeunes stagiaires sur les terres du candidat pour, entre autres, vérifier certains points du questionnaire. S’y ajoute l’examen des capacités professionnelles de la personne, en fonction du poste concerné. Cette enquête préalable est d’autant plus cruciale que les nominations présidentielles sont soumises à l’approbation du Sénat. Pas sûr que les candidats de Trump passent tous cet examen avec succès…