Dans sa dernière analyse intitulée «Tendances et viabilité de la dette publique tunisienne», l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) a démontré que, selon les perspectives du FMI, la dette tunisienne reste viable, et ce, malgré certaines vulnérabilités dues à la forte proportion de la dette extérieure.
Ainsi, le profil du remboursement du service de la dette publique 2015-2020 est affecté par le fardeau des emprunts contractés avant 2015. En effet, la Tunisie devra rembourser à ses créanciers 5,5 milliards de dinars en 2017, sans compter le remboursement du placement du Qatar de 1125 MDT qui a été retardé, et 4,6 milliards de dinars en 2020.
La même source a dévoilé que la dette publique s’est accrue durant ces dernières années, d’où le taux d’endettement s’est aggravé de près de 13 points de pourcentage, passant de 40,7% en 2010 à 53,9% à la fin de 2015. Cependant, ce taux peut être qualifié de faible en comparaison du Maroc qui affiche 63% et la Grèce avec 176%.
Toutefois, l’encours de la dette publique a atteint 46,087 MDT en 2015, soit environ 4,150 dinars par habitant, contre 25,640 MDT en 2010 (2,430 dinars / habitant). En 2015, la dette extérieure représente 34,9% du PIB et la dette intérieure 19%.
L’ITCEQ a fait savoir que la structure de l’encours de la dette publique montre la consolidation de la part de la dette extérieure qui est passée de 60,7% en 2010 à 66,2% en 2015, provenant de 32,2% du marché financier international, de 49,3% de la coopération multilatérale et de 18,5% de la coopération bilatérale.
Toujours selon cette analyse, les dépenses allouées au remboursement de la dette, en principal et intérêts, sont passées de 3,618 MDT en 2010 à 40,609 MDT en 2015, soit une hausse annuelle moyenne d’environ 5%. Ces dépenses ont affiché un accroissement d’environ 5,3% en 2015, contre une augmentation de 10% une année auparavant.
Quant au service de la dette intérieure, il a atteint une augmentation notable en 2013. Cette augmentation est essentiellement due au remboursement du principal des lignes BTA et à l’augmentation des taux d’intérêt sur les marchés internationaux.
En dépit de ces indicateurs alarmants, l’analyse a fait ressortir que la dette extérieure resterait viable, à l’exception du cas d’une forte dépréciation du taux de change.
A cet égard, selon le principal scénario qui s’intéresse à l’évolution de la dette et les variables macroéconomiques (scénario de référence), les projections du FMI ont montré que la dette extérieure tunisienne poursuivra sa tendance haussière. D’où le ratio dette extérieure rapporté au PIB atteindra un pic de 69,4% en 2018 contre 56,2% en 2014.
Ce dernier diminuera progressivement pour se situer à 63,8% en 2020, suivant une dynamique favorable du compte courant. Les besoins bruts de financement qui ont enregistré 25,7% du PIB en 2014, vont atteindre 24,8% en 2017 et 20% en 2018, et ce, principalement à cause des échéances relativement longues et des conditions favorables consenties par les bailleurs de fonds.
Selon d’autres scénarios de choc, le ratio dette extérieure par rapport au PIB reste tributaire des chocs négatifs. Il s’agit d’une dynamique qui pourrait se détériorer sensiblement.
Toujours selon les projections du FMI, la Tunisie semble relativement résistante aux chocs extérieurs et aux crises de confiance, et ce, grâce aux maturités de long terme de la dette extérieure et aux taux d’intérêt relativement bas sur les marchés financiers extérieurs.
De ce fait, la dette extérieure resterait viable à l’exception du cas d’une forte dépréciation du taux de change réel. D’ailleurs, ce ratio serait ramené à moins de 70%. Sachant que dans le pire des cas, une dépréciation du taux de change réel de 30% relativement au scénario de référence entraînerait un ratio d’endettement de 97,3% en 2018 pour s’établir à 90,2% en 2020.
Pour garantir cette viabilité, l’ITCEQ préconise que la dette publique soit utilisée de manière efficace en la destinant à des investissements qui permettent le paiement de son service via l’accroissement des exportations.
L’élaboration des modèles d’impact des investissements financés par l’endettement semble essentielle. Le financement du développement exige une élaboration d’un track record des performances.
Il est à rappeler que le budget de l’Etat 2017 prévoit une dette publique de l’ordre de 62 660 MDT, soit 63,8% du PIB contre 63% en 2016 et 54,9% en 2015. Il prévoit également un service de la dette publique de 5825 MD en 2017, soit en progression de 11 % par rapport à 2016, et des besoins de financement de 8 505 MDT, dont 6 045 MDT d’endettement extérieur et 2 460 MDT d’endettement intérieur.