Le Président russe Vladimir Poutine s’est adressé jeudi 1er décembre à l’Assemblée fédérale de Russie. Son discours, qualifié d’ « exceptionnel » par le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, intervient moins d’un an du centième anniversaire de la Révolution bolchévique qui sera célébré en octobre 2017.
Evoquant cet événement, le président russe a affirmé : « L’année prochaine, 2017, marquera le centième anniversaire de la Révolution d’Octobre. Ce sera un moment opportun pour réfléchir sur les causes et la nature de cette révolution. Pas seulement les historiens et les chercheurs devraient le faire, mais toute la société russe. Celle-ci a besoin d’une analyse objective, honnête et profonde de cet événement. C’est notre histoire commune et nous devons la traiter avec respect. »
Il va sans dire que la majeure partie du discours de Poutine était consacrée à la politique intérieure. Il n’a pas caché sa satisfaction que les revenus générés par les exportations agricoles dépassent désormais les recettes des exportations d’armements. Sur le marché des armes, c’est connu, la Russie occupe une position privilégiée. Les exportations d’armes ont rapporté en 2015 pas moins de 14,5 milliards de dollars. Mais elles sont dépassées pour la première fois par les exportations agricoles qui ont rapporté l’année dernière 16,2 milliards de dollars. Pour cette année, la Russie table sur des recettes de 16,9 milliards.
Evoquant les sanctions occidentales, Poutine a affirmé : « A quelque chose malheur est bon », car, explique-t-il, sans ces sanctions, l’agriculture russe n’aurait jamais atteint de telles performances. »
Mais ce qui a fait les gros titres de la presse internationale, c’est bien évidemment la partie du discours consacrée à la politique étrangère de la Russie et aux messages adressés par le président russe à la communauté internationale : « Contrairement à nos collègues à l’étranger, qui considèrent la Russie comme un adversaire, nous ne cherchons pas et nous n’avons jamais cherché à avoir des ennemis. Nous avons besoin d’amis. Mais nous ne tolérerons aucune atteinte à nos intérêts. Nous déciderons nous-mêmes de notre destinée et nous construirons nous-mêmes notre présent et notre avenir sans tenir compte des conseils indésirables des autres ».
« Dans le même temps, nous désirons le dialogue bien intentionné et nous réaffirmons les principes de justice et de respect mutuel dans les affaires internationales. Nous sommes prêts pour une sérieuse discussion sur la construction d’un système de relations internationales stable pour le 21e siècle. Malheureusement, les décennies qui se sont écoulées depuis la fin de la Guerre froide ont été gaspillées. »
Le Président Poutine a évoqué les relations de son pays avec la Chine et avec l’Inde, mais le message est clairement adressée aux Etats-Unis et qui consiste au fait que les temps où une seule superpuissance se comportait comme bon lui semblait sont révolus et que le monde d’aujourd’hui n’est plus unipolaire, mais multipolaire. Qu’on en juge :
« Dans l’environnement difficile d’aujourd’hui, le partenariat stratégique et la coopération entre la Russie et la Chine est devenu l’un des facteurs clés de la stabilité régionale et globale. Ce partenariat peut être considéré comme un modèle pour façonner un monde affranchi de la domination d’un seul pays quelle que soit sa force, prenant en considération harmonieusement les intérêts de tous les pays. »
Enfonçant le clou, Poutine évoque les relations de la Russie avec l’Inde en ces termes : « Développer un partenariat spécial, privilégié et stratégique avec l’Inde est une autre priorité majeure de la politique étrangère de la Russie. En octobre 2016, Goa (située sur la côte sud-ouest de l’Inde) a accueilli une réunion de haut niveau entre responsables russes et indiens, confirmant que nos deux pays ont un grand potentiel de coopération dans plusieurs domaines. »
A ces messages indirects à la puissance américaine, Poutine a ajouté ce message direct : « La Russie est prête à travailler avec la nouvelle Administration américaine. Il est important de remettre les relations bilatérales sur les rails et de les développer sur la base du respect et des intérêts mutuels. »
« La coopération entre la Russie et les Etats-Unis dans la gestion des problèmes au niveau régional et global bénéficiera au monde entier. Nous avons une responsabilité partagée d’assurer la sécurité et la stabilité dans le monde. Je voudrais insister sur le fait que les tentatives de briser la parité stratégique sont extrêmement dangereuses et peuvent nous mener à la catastrophe. »
Concernant le problème du terrorisme, le président russe invite les Etats-Unis à joindre ses efforts pour combattre « les menaces réelles, comme le terrorisme, plutôt que les menaces fictives. C’est ce que nos soldats sont en train de faire en Syrie où les terroristes ont subi de lourdes pertes. »
Le discours de Poutine intervient à un moment où les dirigeants qui ont contribué au désordre mondial, et en particulier dans le monde arabe, comme Nicolas Sarkozy, David Cameron ou encore Hillary Clinton, ont été poussés vers la porte de sortie. Ils ont rejoint dans leur retraite forcée George Bush et Tony Blair, les deux plus grands criminels de guerre du XXIe siècle.
Qu’autant de criminels de guerre soient éloignés par leurs peuples des postes de décision déterminants dans la gestion des affaires internationales, cela ne peut que faciliter la tâche de la Russie qui, elle, combat réellement le fléau terroriste nourri, entretenu et financé par ces sinistres retraités. C’est un fait que l’intérêt de la Russie réside dans l’instauration d’un monde stable et pacifique, et que Poutine ne fait preuve d’aucune démagogie en affirmant sa volonté d’œuvrer dans ce sens.
L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, qui a réaffirmé à maintes reprises sa volonté de coopérer avec la Russie, et la très probable élection au printemps prochain de François Fillon en France qui est lui aussi pour une politique de coopération et non de confrontation avec la Russie, sont des événements encourageants de nature à faire baisser la tension mondiale et ramener un peu de stabilité dans un monde en furie.