Depuis le 17 décembre 2010, un jour symbolique, ce fut le jour du coup d’envoi du soulèvement général. Des milliers de Tunisiens sont descendus dans la rue, à l’avenue Habib Bourguiba, scandant des slogans : “ Emploi, liberté, dignité ”, entraînant la chute du dictateur.
Six ans après, où en sommes-nous? Entre un paysage politique morose et une situation économique qui peine à repartir malgré une conférence internationale sur l’investissement pour attirer les investisseurs, le diagnostic fait consensus.
A en juger par les résultats d’une étude récente du Centre de recherche économique et sociale sur l’année qui s’achève, il y a de quoi s’alarmer : selon l’étude, le tourisme, l’un des vecteurs de la croissance économique du pays, de son PIB (7%), serait à l’agonie. Pis encore, le pouvoir d’achat des Tunisiens de la classe moyenne est en chute libre (40% en moins), sans parler de la croissance économique qui dégringole de 1 à zéro.
Conséquence logique: durant 2016, des mouvements de protestations se sont déclenchés un peu partout, à Kasserine, Thala, pour revendiquer leur droit au travail, à la dignité et à la liberté, les slogans prononcés lors du 14 janvier. Aujourd’hui, les Tunisiens exigent des réponses à leur situation : vivre dignement dans un Etat de droit.
Cependant une autre question demeure : qu’en est-il du dossier des blessés de la révolution? Qu’a fait le gouvernement d’union nationale à ce sujet ? Bien que la liste définitive des martyrs ait été établie, comportant entre 326 martyrs et 3976 blessés, ce qu’a affirmé à un certain moment Majdouline Cherni, l’ancienne secrétaire d’Etat du dossier chargée des martyrs et des blessés de la révolution. Il va falloir donner des réponses que les gouvernements successifs n’ont pas réussi à apporter.
Quel bilan peut-on dresser six ans après?
Nous avons eu de belles réalisations, telles que la liberté d’opinion, une transition démocratique qui fait l’admiration du monde entier. Cependant, cette transition démocratique est loin d’être achevée puisque six ans après, la justice transitionnelle peine encore à trouver sa voie. Plusieurs organisations des Droits de l’Homme ont constaté l’absence de volonté politique et le peu d’intérêt accordé par les pouvoirs publics à l’IVD qui s’attelle courageusement à déchirer le voile qui entoure les multiples violations survenues durant la période 1955-2013.
Pour sceller le succès de la transition démocratique, la Tunisie devrait réussir sa transition économique, tels sont les propos du chef du gouvernement Youssef Chahed, à l’occasion de l’événement Tunisia 2020. Cela dit, le malaise des régions de l’intérieur demeure intact : des régions minées par le chômage et le manque de développement. De ce fait, le gouvernement doit faire face à plusieurs défis, sécuritaire, économique ainsi que social. Quant aux attentes des Tunisiens, leurs aspirations n’ont rien à voir avec la politique. Les Tunisiens sont préoccupés par leur pouvoir d’achat, comment subvenir aux besoins de leur progéniture et leur assurer un avenir décent. Les pouvoirs publics l’ont-ils enfin compris?