Incontestablement, c’est le journaliste-vedette le plus célèbre de France : Patrick Poivre d’Arvor, que tout le monde appelle affectueusement PPDA, est également l’auteur de plusieurs romans. Le voilà de passage en Tunisie pour quelques jours,l’ex-présentateur vedette du journal de 20H00 de TF1 se confie lors d’une rencontre avec des journalistes tunisiens, en marge d’une conférence de presse organisée par Conseillers du Commerce Extérieur de la France à Gammarth, sous le thème « Itinéraire et confidences d’un journaliste ».
Ses débuts ont été marqués par sa passion de l’écriture. D’ailleurs, son premier roman il l’a écrit à l’âge de 17 ans intitulé « Les enfants de l’aube ». Mais ce n’est que quelques années plus tard, qu’il avait décidé de le publier. Toujours dans les confidences, »On n’ écrit pas un roman d’amour quand on est journaliste », lui-a-t-on reproché. Ce qui ne l’a pas empêché de vivre cent à l’heure et de réaliser tous ses rêves comme celui de devenir metteur en scène ou réalisateur, ce qu’il a réussi à faire.
Avant d’être le présentateur-vedette du 20H et d’avoir interviewé les plus grands de ce monde, ayant couvert plusieurs guerres du monde, il n’a pas oublié que son premier passage fut à la radio. Mais quand on lui demande où vont ses préférences, il répond : « J’adore les deux ». En précisant : « J’ai commencé à la radio avec France inter, mais entre-temps il y a eu 30 ans de journal télévisé. Je trouve que la radio est un instrument très souple, et me revoilà de nouveau à la radio. J’anime une émission sur radio classique de 19h à 20h ».
Quant à sa venue en Tunisie, ce n’est guère la première. Son premier voyage en Tunisie remonte à 45 ans : « Comme si c’était hier », se souvient-il. Il déclare: « Un souvenir que j’ai gardé toute ma vie, notamment l’accueil des gens, la tolérance, la gentillesse. Et je peux vous dire que ça vous change complètement le regard sur le monde, tout comme je l’ai mentionné dans mon livre. Et si je résume, la Tunisie est pour moi un voyage de découverte de l’Autre et de tolérance ».
Ce souvenir de la Tunisie et du Maghreb en général lui rappelle son père, amoureux de l’Algérie, pour y avoir séjourné pendant quatre ans de l’âge de 18 à 22 ans. Il confie : « Pour lui, depuis que l’Algérie a pris son indépendance, il était malheureux comme un certain nombre de Français car il savait qu’il ne pourrait plus retourner là-bas. Aujourd’hui, les choses ne sont plus les mêmes, la mentalité des gens a évolué. » Et de poursuivre : « Si les gens étaient plus ouverts, ils auraient certainement cet esprit moins flétri qu’ils ne l’ont actuellement d’une manière générale ».
Quel constat fait-il six ans après le 14 janvier? En guise de réponse, ses pensées sont allées vers Bourguiba, à qui il a rendu hommage : « C’est ce regard différent sur les femmes, et qu’il ne faut jamais oublier l’histoire, il faut toujours avoir dans son rétroviseur l’histoire, pour ne pas se laisser aller au pessimisme ».
Il ajoute: « Aujourd’hui, vous êtes l’exemple de réussite de la transition. D’ailleurs, c’est même vous qui avez créé ce slogan “Dégage”. Un slogan non seulement scandé dans des pays arabes mais aussi en Occident. Ce qui se passe en ce moment, il y a un réel désir des peuples de se réapproprier le pouvoir, un peu partout dans le monde ».
Qu’en est-il de la liberté de la presse? « La liberté est un bien exceptionnel on ne s’en rend pas compte quand on l’a », a-t-il souligné.
Quant à l’avenir de la presse écrite? Pendant trois siècles, il y a eu la presse écrite, puis quand la radio est arrivée suivi de la télévision, on en avait décrété la fin. Avec l’avènement de l’internet on avait encore une fois prédit la disparition de la presse écrite : « Ce qui n’est pas le cas. Je pense qu’il y a un vrai avenir y compris dans la presse électronique parce que il faudrait qu’il y ait plus de journalistes pour équilibrer ce flot d’informations en provenance d’un peu partout du monde. Cela dit, il y a un bel avenir encore pour le journalisme« , prédit-il.
Patrick Poivre d’Arvor conclut ses confidences en mettant l’accent sur l’accélération du monde : « C’est pour ça qu’il faut qu’il y ait des gens avec beaucoup de sang-froid aussi bien à la tête des Etats qu’ à la tête des organes de presse, le monde peut devenir très vite fou ou en tout cas s’emballer », suggère-t-il de sa belle voix, si caractéristique et inimitable.