Des possibilités existent malgré le monopole exercé par Be In Sports. Des chaînes africaines et européennes constituent un secours. Mais cette situation de monopole exaspère bien des pays qui veulent en finir avec cet « abus de position dominante ». Analyse.
A l’occasion des rencontres de l’Equipe nationale de football au cours de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) qui a débuté le 14 janvier 2017, les cafés de la Tunisie tout entière auront un air de gradins de stade de football.
Aucune des chaînes de télévision tunisienne n’a obtenu le droit de retransmettre en direct les rencontres de cette grande compétition continentale. Qui attire la foule des téléspectateurs. Et bien au-delà du Continent.
Pour les commentaires en langue arabe, seule Be In Sport, propriété du groupe Al Jazira, va diffuser les rencontres de la CAN 2017. Et diffuser des images des stades. L’accès étant bel et bien interdit aux chaînes qui n’ont pas acquis les droits de retransmission des rencontres. Or, aucune chaîne arabe n’a les moyens de s’acquitter, à notre connaissance, de droits aussi exorbitants.
La zone arabe est la seule zone dans laquelle survit le monopole
Pour ceux qui souhaitent rester au chaud par ce temps glacial, ils peuvent se rabattre sur la Be In Sports diffusant sur Astra en langue française. Le commentaire est certes dans une langue étrangère, mais peu importe à partir du moment que l’on regarde les images. A moins que la chaîne en question n’interrompe le signal pour tous ceux qui piratent ses images.
Auquel cas, il y a la possibilité de suivre tout de même les matchs de la CAN sur certaines chaînes africaines. Comme les télévisions du Tchad, du Sénégal, de l’Erythrée et de l’Ethiopie. Ou encore sur des chaînes européennes comme la télévision suisse (la RTS), Eurosports2, Orange Sport et la télévision allemande (la ZDF).
En fait, la zone arabe est la seule zone dans laquelle survit le monopole des droits de retransmission au bénéfice d’une seule télévision, Be In Sport. Dans beaucoup d’autres zones, comme en Europe, la loi interdit la diffusion des rencontres des équipes nationales en mode crypté.
Instituer des règles de bonne conduite
Une situation qui n’est pas pour plaire à nombre de télévisions arabes. L’ASBU (Union des Radiodiffuseurs des Etats Arabes), qui regroupe les radios et télévisions arabes, en a fait un sujet de premier intérêt en dénonçant, au cours de la tenue de son Assemblée Générale à Hammamet, les 15 et 16 décembre 2016, les pratiques illégales en matière d’acquisition des droits sportifs.
Et la question ferait l’objet de démarches auprès du Conseil des ministres arabes de l’Information de la Ligue des Etats Arabes, afin que soient instituées des règles de bonne conduite qui ne privent pas le public de regarder les rencontres de ses équipes préférées.
On parle, cela dit, ici et là, de la possibilité pour certaines télévisions des pays arabes, dont les équipes nationales participent à la CAN 2017, de diffuser malgré tout les rencontres de cette compétition. Ils pourraient relayer l’un des signaux satellitaires au profit de leur public. L’ENTV, la télévision algérienne, l’a fait par le passé à l’occasion de la rencontre pour la qualification de la Coupe du monde 2014, Algérie-Burkina Faso, en octobre 2013.
Des pratiques qualifiées d’ « immorales »
Et des chaînes seraient prêtes à aller jusqu’au bout pour faire prévaloir leur droit. Comme entrer dans un conflit permanent avec la CAF (Confédération Africaine de Football), qui organise la compétition, et qui est la détentrice originelle des droits. Celle-ci ne manquera pas d’appliquer des sanctions.
L’Egypte semble, à ce propos, vouloir aller jusqu’au bout dans ce conflit. La Fédération égyptienne de football a, du reste, déposé une plainte contre la CAF, qui a son siège au Caire. Et des sources dignes de foi laissent entendre que le président de la CAF, Issa Hayatou, qui dirige cette institution depuis… 1988, a été convoqué par la justice égyptienne.
Les télévisions marocaine, algérienne et tunisienne, comme l’ASBU, pourraient faire de même, si elles ne l’ont pas fait, en faisant prévaloir le droit du public à l’information et en dénonçant un abus de position dominante, lassées qu’elles sont de pratiques qualifiées d’ « immorales » par un haut responsable de l’audiovisuel arabe.