Le 23ème congrès de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) se tient actuellement du 22 au 25 janvier à Tunis pour l’élection d’un nouveau bureau exécutif national composé de 13 personnes, cinq membres de la commission nationale du règlement interne et cinq membres de la commission nationale pour le contrôle financier. Haute en couleur, en présence de 7000 personnes et les représentants de plus de cent organisations nationales et internationales, la cérémonie d’ouverture réaffirme l’engagement de l’UGTT des causes nationales et internationales.
L’UGTT toujours égale à elle-même vis-à-vis de la classe politique Bouali Mbarki, le président de la commission de l’organisation du congrès, avait affirmé auparavant que la décision de ne pas inviter les trois présidences du pouvoir ne reflète pas une position quelconque mais depuis l’année 2000, il a été convenu de ne pas inviter les trois présidences afin de sauvegarder l’indépendance de l’organisation syndicale. Ainsi l’UGTT demeure fidèle à ses positions qui la caractérisent. Houcine Abassi a confié aux médias un jour avant le congrès qu’il n’existe aucun syndicat dans le monde qui invite les représentants du pouvoir de son pays à son congrès.
Notons par la même occasion qu’Abid Briki, ministre de la Gouvernance et de la Fonction publique, Mohamed Salah Arfaoui, ministre de l’Equipement et de l’Habitat, étaient présents au congrès en tant qu’anciens syndicalistes. Ons Hattab, députée de Nidaa Tounes, Hakim Ben Hamouda, ancien ministre de l’Economie, Khalil Gheriani, chargé des affaires sociales au sein de l’UTICA, Hichem Loumi, premier vice-président de l’UTICA et Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, étaient parmi les invités.
Dernier discours de Houcine Abassi ou quand l’heure du bilan sonne
Lors de son allocution, le secrétaire général sortant de l’UGTT a considéré que le bilan de l’UGTT est une success story dont l’aboutissement est l’obtention du Prix Nobel de la Paix, avec les autres partenaires du quartet, un prix dont il est fier. Cependant Houcine Abassi n’a pas oublié « les campagnes de dénigrement menées contre l’UGTT, les agressions faites contre l’UGTT par les soi-disant ligues de protection de la révolution, les deux assassinats politiques des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ».
Rappelant les défis économiques, il a appelé à lutter contre «la corruption et la contrebande qui rongent l’économie nationale » et a appelé à mettre en place un système de réforme de l’enseignement, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique.
Adressant la parole aux syndicalistes, il les a incités à rester solidaires parce que « certaines parties veulent déstabiliser l’UGTT et limiter son champ d’actions ».
Faisant allusion à la problématique du retour des terroristes, Houcine Abassi a affiché son refus catégorique à ce retour. Tout en constatant les progrès réalisés en matière de lutte contre le terrorisme, il a considéré que les menaces persistent encore. Le discours n’a pas manqué d’émotion : le secrétaire général sortant, les larmes aux yeux, a rendu un vibrant hommage à son épouse et à son père présent à la cérémonie.
Dans une déclaration accordée en marge de l’événement, Houcine Abassi a affirmé qu’il va se consacrer à la rédaction, dans les coulisses, du Dialogue national en affirmant l’existence de vérités qui dépassent de loin les réunions entre les membres du quartet devant les médias. Cependant il a précisé qu’il ne va pas dévoiler ces vérités qui peuvent porter atteinte à la sécurité du pays.
Palestine au cœur de l’UGTT
Pour l’UGTT, les soucis nationaux et les problèmes des ouvriers n’éclipsent pas la cause palestinienne. D’ailleurs, Houcine Abassi a indiqué que l’UGTT n’est pas uniquement une organisation syndicale dont l’unique objectif est de défendre les intérêts des ouvriers. C’est une organisation dont l’objectif, entre autres, est d’intervenir lors des crises. Notons que la cause palestinienne a été évoquée par Houcine Abassi plusieurs fois, lors de différents discours.
Fadwa Barghouthi, l’épouse du militant Marouen Barghouthi, emprisonnée dans les prisons sionistes, a pris soin de lire une lettre adressée de son mari à l’UGTT et au peuple tunisien, dans laquelle, il a rappelé la participation des Tunisiens à la lutte contre l’entité sioniste à travers les années et l’agression sioniste contre la ville de Hammam Chott et l’assassinat de Khalil al-Wazir, l’un des fondateurs du Fath membre de son comité central, numéro deux de l’OLP et chef de son aile militaire. De même, il a rappelé que la Palestine fait l’objet d’une agression due à la nonchalance des pays arabes. De même, il considère que le partenariat entre les pays arabes pourrait laisser présager une solution.
De son côté, le représentant du Front populaire pour la libération de la Palestine, présent au nom de Abla Saâdat, l’épouse du prisonnier Ahmed Saâdat, a indiqué que l’UGTT est coutumière de prendre fait et cause en faveur de la Palestine. Et de rappeler que l’UGTT avait pris soin de construire une école dans le camp de réfugiés de Jénine en 2000 portant le nom de Farhat Hached.
Prenant la parole, l’ambassadeur de la Palestine à Tunis, a déclaré que la réussite des travaux du 23ème congrès de l’UGTT est un autre pas dans le parcours de la transition démocratique. De même, il a rappelé le rôle des Tunisiens dans la cause palestinienne, notamment dans le siège de Beyrouth. Les deux représentants des militants palestiniens ont reçu le bouclier de l’UGTT.