La présidence du gouvernement a transmis une circulaire ( tout agent public ne peut faire de déclaration ou révéler une information aux médias sans l’autorisation expresse de son supérieur hiérarchique) aux institutions publiques leur précisant les conditions quant à l’accès à l’information. Deux libertés fondamentales sont en jeu: l’accès à l’information et la liberté d’expression.
Youssef Oueslati, membre du bureau exécutif du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a souligné que la décision de la Présidence du gouvernement montre une restriction à l’accès à l’information. Il déclare: « La présidence du gouvernement a décidé de faire fi de la liberté d’expression et du droit à l’information qui sont pourtant garantis par la Constitution ».
Il poursuit: « Il y a une réelle crainte dans ce secteur idem pour l’accès à l’information. Nous avons exigé des explications au pouvoir exécutif, on attend toujours une réponse de leur part, tout en sachant que des réunions seront prévues. » « Nous n’allons pas nous taire, le SNJT demande à ce qu’il y ait des garanties pour les journalistes. », a-t-il ajouté.
Qu’en pense Reporters sans frontières (RSF)?
Yasmine Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de RSF, considère qu’il s’agit d’un indicateur négatif pour la liberté de la presse en Tunisie. Elle précise: « Nous sommes particulièrement inquiets parce que les dispositions prévues dans cette circulaire sont complètement floues ».
La question est de savoir quelle est la vision du gouvernement d’union nationale par rapport aux lanceurs d’alerte ? Sur cette interrogation, elle a répondu: « Le sujet est très important. J’irais même jusqu’à dire que fait-on avec ces protecteurs d’alerte? Ce dispositif montre une réelle restriction à l’égard de ces lanceurs d’alerte. D’ailleurs, le nouveau secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a mis comme priorité la mise en place d’une politique sur la question des lanceurs d’alerte pour dire que les sujets sont très importants et à quel point la Tunisie devrait s’engager dans cette voie ».
D’après la responsable de RSF, ce n’est pas la première fois qu’on parle de circulaire restrictive. Rappelez-vous vers la fin 2014, une circulaire avait été émise interdisant au personnel des hôpitaux de fournir des chiffres aux journalistes. « Or avec cette façon de faire cela menace sérieusement le droit à l’information. Ce que nous remarquons également, c’est une grande méfiance entre l’exécutif et le législateur. Et pourtant, le discours du Chef du gouvernement lors du 14 janvier était en faveur de la liberté d’expression, un des grands acquis de la révolution, que s’est-il passé ? » conclut-elle.
Pour rappel, la loi garantissant l’accès à l’information a été votée en mars 2016 et il avait été stipulé que son application n’entrerait en vigueur qu’un an après, soit en mars 2017, autrement dit dans quelques semaines alors que l’Instance nationale d’accès à l’information n’a pas encore été mise en place. Entre temps que fait-on?