Ghar el Melh, une ville côtière qui se situe entre Tunis et Bizerte aux environs d’Utique, accessible par l’autoroute puis par la route, vient de fêter, le 2 février, la Journée mondiale des zones humides à l’initiative du WWF Afrique du Nord (le Fonds mondial pour la nature) et de la DGF ( Direction générale des forêts) qui constitue une opportunité pour promouvoir et valoriser davantage cette zone en matière de tourisme alternatif.
Notre visite à la lagune de Ghar el Melh , par une belle journée ensoleillée, qui représente le dernier vestige de l’ancien golfe d’Utique, exploitée depuis l’Antiquité comme carrière saline, d’où son nom Ghar el Melh(Grotte de sel), et qui abrite aujourd’hui un port de pêche ainsi qu’un abri maritime. L’agriculture et la pêche constituent l’essentiel de l’économie locale.
Cette manifestation vise à promouvoir l’écotourisme et à sensibiliser autant que possible les citoyens quant au rôle vital des zones humides et à l’importance de les protéger vu leur pertinence pour la réalisation de nouveaux objectifs de développement durable.
Rencontrée au musée national de Ghar el Melh, Sana Mzoughi, responsable du projet sur les pratiques culturelles de conservation de l’environnement au sein du Fonds mondial pour la nature bureau Afrique basé à Tunis, nous informe que Ghar el Melh figure parmi les villes du monde ayant reçu le « Label ville des zones humides », accrédité par la convention internationale Ramsar régissant la protection des zones humides à l’échelle internationale. Elle confie: « On sait que la ville humide est classée depuis 2007, mais qu’elle est peu valorisée. Et ce n’est qu’en travaillant ici que j’ai remarqué ce lien très étroit entre le Bhira et les habitants, entre une pêche artisanale dans la zone humide et une agriculture traditionnelle unique ».
Elle ajoute: « D’ailleurs le concept que j’ai développé est celui de la dimension humaine et de la protection de l’environnement. D’où l’intérêt de pouvoir classer cette première ville au moins en Afrique ».
De son côté, Habib Abid, directeur général de la Direction générale des forêts, souligne que les ONG en matière de zones humides (le WWF et l’Association les Amis des Oiseaux) présentes à Ghar El Melh font un travail de terrain remarquable en vue de renforcer les capacités locales.
Et d’indiquer: « Tous ces efforts et les démarches entreprises ont permis de classer 41 sites tunisiens comme étant Sites Ramsar d’importance écologique internationale. Notre intérêt est d’avoir un milieu sain et protégé, et surtout d’aider les agriculteurs à préserver leur agriculture traditionnelle. En somme, nous voulons donner une image de Ghar el Melh comme étant un modèle de préservation de l’environnement. Tout comme il y aura un nouveau projet qui démarrera en 2017 d’une valeur de 4 millions de dinars ».
Faouzi Maamouri, directeur régional de WWF, abonde dans le même sens en précisant : « Nous voudrions que tout le monde soit conscient de ces valeurs humaines, tout en sensibilisant d’autant plus les jeunes qui seront les décideurs de demain ».
Et c’est en fin d’après-midi aux alentours de 16h30, que nous nous sommes rendus à la ferme de l’agriculteur Youssef el Oueldi, 70 ans, (Aam Youssef ) père de deux garçons déjà adultes. Il nous confie: » Je fais deux boulots. Ce que je récolte dans ma ferme me permet à peine de couvrir les dépenses et payer les deux agriculteurs (20 dinars par jour) qui travaillent avec moi. Mon problème, c’est le coût des graines importées qui coûtent cher car tout ce que vous voyez est à 80% biologique ».
Notre balade à Ghar el Melh s’achève. Les soucis de « Aam Youssef » sont ceux pratiquement de tous les agriculteurs de la région qui mériterait d’être davantage valorisée pour le bien des autochtones et de l’économie du pays en général. A bon entendeur.