Pour le Tunisien la parole est souvent action. L’acte de dire vaut exactement celui de faire. On l’observe avec force depuis le 14 janvier 2011.
Il est un phénomène qui a la peau dure. Développé avec force depuis la révolution, il remplit en effet notre quotidien et sévit un peu partout. Il suffit de flâner dans les rues de nos villes et villages pour remarquer une certaine propension du Tunisien à vouloir débattre de tout. Nos cafés, salons de thé et autres bars et restaurants comme certaines de nos entreprises sont notamment devenus des mini- parlements.
Et s’il est vrai qu’il pourrait s’agir là d’un signe de bonne santé – ne dit-on pas que de la discussion naît la lumière ?-, il n’en demeure pas moins que trop de débats n’est pas toujours productif.
Un débat orienté vers l’action
Depuis le 14 janvier 2011, nous ne savons du reste que parler. Et souvent un excès de démocratie tue la démocratie. Car, celle-ci, et si elle ne peut refuser le débat – c’est son essence même -, doit être d’abord orientée vers l’action.
Que serait le parlement sans un vote qui ouvre la voie à des réformes et à des projets ? Or, cette exigence semble être quelquefois reléguée au second rang. L’essentiel est de lancer des paroles et exprimer son point de vue.
La même preuve est que – et cela est un constat unanime – notre quotidien n’est pas fait d’avancées. Mais de désaccords profonds.
L’acte de dire vaut exactement celui de faire
Nul doute que rien ne vaut un pays qui débat. Mais trop de débats peuvent tuer le débat. En le rendant improductif.
Il faudra, par ailleurs, analyser les fondamentaux de la personnalité de base du Tunisien pour se rendre compte de l’importance de l’acte de débattre. Nourri aux sèves arabe et méditerranéenne, pour le Tunisien la parole remplace sans doute souvent l’action. L’acte de dire vaut exactement celui de faire.
Combien de fois le fait d’annoncer une démarche à entreprendre n’est jamais suivi d’actions. Nous nous gargarisons, depuis le 14 janvier 2011, de nombre de slogans dont celui de développer l’emploi, mais sans souvent parvenir à les mettre à exécution.
Collectivement
Car, l’action n’est pas un prolongement automatique du débat. Et une étape qu’il faut bien préparer et conduire avec méthode.
Tout notre malheur viendrait peut-être de là. Un prérequis est, à ce propos, essentiel : se mettre sur les starting-blocks qui peuvent nous conduire à gagner la course : la volonté farouche d’y arriver et la disposition de tout un chacun de faire l’effort nécessaire pour atteindre les objectifs que l’on s’est tracés.
Est-ce vraiment le cas ? Ne remarque-t-on pas simplement que si certains projets échouent c’est parce que tout simplement on y travaille pas assez. Et ensemble ?
Et sans faire le moraliste, disons que les nations qui sont hissées là où elles sont ont laissé la parlote pour s’engager sur les vois difficiles de l’effort et de l’abnégation. Collectivement.
L’ancien président sud-africain Nelson Mandela aimait beaucoup à répéter cette phrase : « Tout semble au départ bien difficile jusqu’au moment où cela se réalise ».