Pour débattre de cette situation et des perspectives de la place de Tunis, Alumni IHEC Carthage a organisé aujourd’hui à Tunis, en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, la 6ème Matinale autour de ses sujets d’actualité, en conviant Khaled Zribi, président de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), Ahmed Ben Jomâa, directeur général de Smart Finance et Smart Asset et Mehdi Ben Mustapha, chargé de communication au Conseil du marché financier (CMF).
Invité pour présenter la situation actuelle de la Bourse de Tunis, Khaled Zribi a rappelé que la stratégie pour le développement de la Bourse repose sur trois axes, à savoir la gestion du marché pour faire face à la faiblesse du volume des transactions, le développement du marché financier pour diversifier les instruments de financement de l’économie tunisienne et la communication pour une meilleure transparence. «La Bourse ne remplit pas pleinement sont rôle dans le financement de l’économie. Il y a un problème de représentativité des secteurs dû à la problématique de liquidité. Les secteurs ne sont pas suffisamment représentés à l’instar des télécoms et des assurances », a-t-il affirmé.
Et d’ajouter que ce n’est pas normal parce que l’Etat ne semble pas assez concerné par la problématique bourse. « Je pense que la nouvelle loi sur l’investissement permettra de lever plusieurs barrières pour diversifier les acteurs, mais toutes les conditions ne sont pas encore réunies. Outre la problématique de la gouvernance, certaines entreprises publiques n’arrivent pas à jouer leur rôle dans l’économie», a-t-il précisé.
Interpellé sur la problématique de la surévaluation de certaines entreprises introduites sur la cote de la place de Tunis, le président de la BVMT a reconnu la responsabilité de la Bourse dans le travail d’évaluation des sociétés introduites. «Les discussions entre les membres du conseil d’administration concernent aussi l’évaluation des sociétés. L’évaluation n’est pas une science exacte. C’est aussi la responsabilité des intermédiaires évaluateurs. Personne n’est obligé d’acheter », a-t-il affirmé.
Comment partager les responsabilités? A cette question Khaled Zribi a proposé un passage immédiat à une refonte du cadre légal qui englobe toutes les parties prenantes parce que, selon ses dires, les professionnels n’ont pas été toujours impliqués dans la préparation des lois.
Il n’a pas manqué, lors de son intervention, de rappeler qu’on est entré dans une nouvelle ère où la Bourse joue un rôle important dans le financement de l’économie et toutes les parties sont responsables.
Aujourd’hui, «il y a une réflexion sérieuse sur la nécessité de démutualiser la Bourse, un sujet tabou depuis longtemps», a estimé Khaled Zribi qui a fait remarquer que le lobbying des banques à la Bourse de Tunis est très dynamique et il est clair qu’elles protègent leurs intérêts et apprécient que les entreprises se tournent vers elles comme alternative de financement.
M. Zribi a expliqué que la Bourse a certes su saisir de bonnes opportunités, mais pour qu’elle évolue et se modernise réellement et qu’elle attire un grand nombre de transactions, il manque un cadre juridique adéquat, plus incitatif. «Nos ressources sont limitées parce que les transactions sont très faibles. On devrait mieux communiquer», conclut-il.