Alors que parmi les diplômés du supérieur la population féminine est plus importante que celle des hommes, en revanche, les femmes sont largement minoritaires quand il s’agit d’occuper des postes de décision ou dans les offres d’emploi. Pour cause: la question des inégalités entre les hommes et les femmes persiste. Que faut-il faire?
La Chambre nationale des femmes chefs d’entreprise CNFCE et ses partenaires l’Académie des femmes cheffes d’entreprises et l’Organisation internationale du Travail s’intéressent à l’entrepreneuriat féminin ayant pour thème: « La gestion de la diversité genre et l’accès aux postes de décision dans le secteur privé ».
Le potentiel féminin est un atout considérable et un potentiel énorme. Il peut en effet contribuer à l’économie locale et au développement social, qui malheureusement n’est pas bien exploité. Aujourd’hui, le chemin est encore long, beaucoup reste à faire. La femme doit encore faire ses preuves, que ce soit en Tunisie ou ailleurs, même s’elle est considérée comme un outil effectif de développement, mais pas encore dans les postes clés.
La CNFCE et ses partenaires se focalisent en cette journée sur l’accroissement des capacités des femmes entrepreneurs. Pour Eric Oechelin, spécialiste OIT, département ACT/EMP, il déclare que les femmes doivent s’armer de compétences pour siéger au conseil d’administration.
D’après lui, le meilleur atout, en termes de leadership, est de sensibiliser davantage la mixité. Prenant l’exemple des pays nordiques comme la Norvège où un quota dans les postes de décision est réservé aux femmes – autour de 40%. »
Par ailleurs, Raoudha Ben Saber, présidente de la CNFCE, précise dans ce sens : »Il faut qu’il y ait un vrai sens du partage, un véritable équilibre. Mais pour y parvenir, les entreprises doivent favoriser la mixité. Il faut que les femmes s’affirment et non qu’elles restent sous-représentées. Il faut bien le dire: les femmes ont d’énormes talents : qualifiées, compétentes et motivées, elles ont aussi bien leurs chances d’être au sein d’un conseil d’administration, car elles renforcent ainsi leur avantage compétitif. Elles doivent se lancer et prendre des risques. Ensemble, nous pouvons soulever des montagnes ».
De son côté, Monia Raïes Mghirbi, chargée de mission au cabinet du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, souligne que l’égalité des chances, elle se fait à plusieurs niveaux notamment sur le plan culturel et de l’éducation et travailler sur le long terme.
De nos jours, il n’y a plus de métier spécifiquement masculin ou féminin. Evoquant le volet de la formation professionnelle qui accuse un retard dans la participation des femmes, qui s’élève à 35%, il va falloir renverser cette donne.
Elle ajoute: « Je reviens sur cette idée de culture du travail masculin et féminin sur laquelle on doit travailler mais aussi sur la qualité des prestations et les stratégies de l’emploi. »
En d’autres termes, « les statistiques sont significatives », précise-t-elle, tout en poursuivant: « L’obtention des crédits diffère d’une banque à une autre. A titre d’exemple, en nombre, la BTS accorde autant de microcrédits aux femmes qu’aux hommes. Contrairement à la BFPME où le chiffre descend à 17 %. Ce qui signifie que plus l’entreprise est grande, plus elle est masculine ».
Quelle conclusion à en tirer?
« Nous devons être encore plus entrepreneures. Tout comme nous devons travailler sur nous-mêmes en tant que femmes. Il est vrai que nous sommes un peu frileuses à prendre des risques. Par contre, si on se réfère aux statistiques tunisiennes, vous trouverez que les femmes sont les plus fidèles dans le remboursement de leurs crédits », indique Mme Mghirbi.
L’exemple allemand
Pamela Stenzel, coordinatrice de la région Mena, Association Fidar, the German Woman Association on board, évoque qu’au début des années 2000-2001 le taux de participation des femmes dans les postes de décision était faible, soit de 4%. Mais ce n’est qu’au fil des années, que les choses ont changé. Dans ce contexte, elle déclare: « En Allemagne, nous avons aujourd’hui une loi qui prévoit un quota de 30% aussi bien pour les grandes que pour les moyennes entreprises afin de les obliger à intégrer les femmes dans les postes de décision, d’abord dans un délai de deux ans puis de 5 ans. Si cet exemple est une réussite, c’est parce qu’il existe des initiatives politiques pour le soutenir ».
Elle indique: « Je crois qu’il est nécessaire de changer notre façon de penser. Or le constat est le même, les mêmes hommes recrutent le même modèle. Ce qui signifie, il n’y a pas cette diversité ».
Comment expliquer cette mentalité des hommes qui veulent tout garder pour eux ?
Elle répond: “ Disons que c’est un cercle fermé où le corporatisme avait une influence dans la gestion des entreprises. Il y a suffisamment de femmes compétentes capables d’assumer ce type de poste ».
Elle conclut: « Mon message est le suivant: il faut en parler, s’allier. Je puis vous dire que les hommes ne sont pas mieux lotis dans certains secteurs mais ils ont l’avantage de savoir prendre le taureau par les cornes et ils atteignent leur but. Nous, en tant que femmes, nous devons faire de même. « .
Elles sont brillantes, ambitieuses, intelligentes et elles ont tout pour réussir. Aujourd’hui, les femmes s’affranchissent de plus en plus. Elles se révèlent grâce à leur sens de l’écoute et à leur force de persuasion dans les postes de décision. Bref, les femmes entrepreneures sont des leaders où tout leur réussit, mais le combat de ces femmes est loin d’être fini.