La décision d’interdire « tout téléphone, ordinateur portable ou tablette plus grand qu’un téléphone portable de taille normale (longueur 16 cm, largeur 9,3 cm et épaisseur 1,5 cm) » à bord des vols à destination du Royaume -Uni ne tient pas bien la route. Voici pourquoi.
La compagnie Tunisair a, donc, commencé, samedi, 25 mars 2017, à interdire « tout téléphone, ordinateur portable ou tablette plus grand qu’un téléphone portable de taille normale (longueur 16 cm, largeur 9,3 cm et épaisseur 1,5 cm) » à bord des vols à destination de Londres.
Une décision –on le sait- sorti des cartons des autorités britanniques pour tous les vols venant de « huit pays : la Jordanie, l’Egypte, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats Arabes Unis et le Maroc ».
Elle concerne « quatorze compagnies : British Airways, EasyJet, Jet2.com, Monarch, Thomas Cook, Thomson, Turkish Airlines, Pegasus Airways, Atlas-Global Airlines, Middle East Airlines, Egyptair, Royal Jordanian, Tunis Air et Saudia ».
Loin d’être des « destinations terroristes »
On sait également que la décision a été prise par solidarité avec les autorités des Etats-Unis d’Amérique –pour ne pas dire un alignement sur les errances de l’administration Trump- qui dit craindre un « risque d’attentats ». « L’examen de renseignements indique que des groupes terroristes continuent de viser le transport aérien et cherchent de nouvelles méthodes pour perpétrer leurs attentats, comme dissimuler des explosifs dans des biens de consommation », a expliqué, à ce propos, un responsable à Washington.
La mesure –on ne peut que le deviner- ne tient pas bien la route. Trois arguments peuvent être avancés à leur endroit:
Premièrement, nombre des pays concernés par cette mesure sont loin d’être des « destinations terroristes ». Certains de ces pays sont même plus sûrs que la Grande-Bretagne elle-même. Où le hasard du calendrier a voulu que le lendemain même de la décision d’interdire les ordinateurs et autres tablettes à bord des compagnies citées plus haut , le 22 mars 2017, une opération terroriste s’est déroulée à quelques encablures du Parlement.
Une liste noire
Un attentat qualifié par plus d’un commentateur comme un défi et qui a fait quatre morts. Perpétré par un citoyen bien britannique. Une opération terroriste qui se doit évidemment d’être condamnée avec la plus grande vigueur.
Il suffit de consulter la liste des pays d’embarquement de ce qu’on pourrait appeler des objets volants identifiés pour se rendre vite compte que certains d’entre eux n’ont pas connu d’opérations terroristes.
Deuxièmement, les aéroports « soupçonnés » sont également bien sécurisés. La preuve est également là. Que les autorités britanniques nous apportent donc la preuve que les aéroports de Doha, de Dubaï ou encore d’Amman et de Casablanca pour ne pas citer celui de Tunis sont moins sûrs que certains aéroports européens. Par qui le scandale est arrivé du reste. A commencer au cours de ces derniers jours. Suivez mon regard. Des aéroports qui n’ont pas été évidemment inscrits sur la liste noire –car c’est de cela qu’il s’agit- des autorités britanniques.
Un pur hasard ?
Troisièmement, en agissant de la sorte, les autorités britanniques –et avec celles de l’Oncle Sam- estiment, sans doute, que les autorités aéroportuaires dans les pays concernés par la mesure veillent moins au grain terroriste que d’autres capitales mondiales.
Ou que leur capacité voire leur savoir-faire (en hommes et en matériels) à débusquer tout objet malfaisant n’est pas pour ainsi dire aux standards internationaux. Ce qui est à l’évidence faux. Et les Britanniques le savent bien.
A-t-on, en outre, remarqué que la mesure n’a encore une fois concerné que des pays arabes et musulmans ? Au même titre que le premier (27 janvier 2017) et le second (6 mars 2017) décrets Trump interdisant l’accès du territoire américain à un certain nombre de pays.
Un pur hasard ?