Les juges maintiendront leur mouvement protestataire et continueront dans les jours à venir à manifester leur refus de leur situation matérielle actuelle , jugée inconséquente par rapport à leur profil et des conditions de travail qu’ils jugent inacceptables. C’est ce qui vient d’être décidé à l’issue des travaux, à Sousse dimanche dernier, du conseil national de l’Association des Magistrats Tunisiens.
Un communiqué a été, à cet effet, publié pour souligner la détermination des participants à cette réunion du conseil national à poursuivre la même démarche en ce qui concerne la dénonciation des motifs qui ont poussé l’AMT à décider et à encadrer la série de protestations , déclenchées il y a des mois, avec toutefois une allure crescendo et selon plusieurs formules. Cette fois, ils ont décidé que la contestation prendrait la forme d’une sorte de comportement au travail se limitant seulement à gérer le service public dans ses fonctionnalités sans que cela concerne le traitement des dossiers des affaires. En d’autres termes, cela consiste dans le report de tous les dossiers des affaires enrôlées « en l’état », en l’occurrence ne trancher aucune affaire et se limiter à surseoir à juger en renvoyant l’affaire à une date ultérieure. Cette décision concerne une période de 5 jours, soit à partir du 24 et jusqu’au 28 avril prochain. Le tout s’accompagnera du port du brassard rouge.
De même, les membres du conseil des juges ont demandé, dans leur communiqué, au Président de la République de ne pas signer le texte de loi qui a amendé la loi du Conseil supérieur de la magistrature qui a été adopté le 27 du mois de mars dernier, et ce, selon eux afin de protéger les institutions constitutionnelles , une fois constituées, des griefs dont elles peuvent être l’objet. Ils ont insisté à cette occasion sur les conséquences qu’ils ont jugées dangereuses à la suite de de l’application de cette loi telle qu’elle a été amendée.
Toujours dans le même cadre, ils ont réitéré leur appel au Chef du gouvernement soit de parapher les décrets de nomination des magistrats conformément aux candidatures proposées de la part de l’Instance provisoire de la justice judiciaire, et ce, soit pour pourvoir aux vacances dans la composition du conseil, soit pour concrétiser l’initiative judiciaire en ce sens et qui a fait l’objet de l’adhésion de plus du tiers des membres dudit conseil. Ils ont, en parallèle, dénoncé les manœuvres qui selon l’AMT entravent le travail du comité de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi du fait de l’abstention à pourvoir aux vacances dans sa composition. De plus, le conseil national a exprimé sa profonde préoccupation du fait du retard dans la consolidation en moyens humains et en logistique du Tribunal administratif et de la Cour des comptes.
Pour ce qui est des conditions matérielles des juges, l’AMT a insisté sur la manifeste détérioration de ces dernières, appelant à l’impératif de leur réexamen dans les plus brefs délais.