Le ton à la fois rassurant et optimiste de Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, contrastait avec les remarques et les critiques de différents intervenants lors d’une rencontre organisée par la Chambre tuniso-française de Commerce et d’industrie en vue d’exposer les différents axes du nouveau cadre juridique de l’investissement.
Mais que peut-on faire du meilleur Code d’investissement si le contexte général du pays est défaillant ? L’intervention d’ouverture de Foued Lakhoua, président de la Chambre, semble tourner autour de cette question.
Il a reconnu l’avancement apporté par le nouveau cadre juridique sur l’investissement par rapport au code d’investissement de 1993, la promulgation du nouveau cadre juridique sur l’investissement et la promulgation du code des incitations fiscales. Toutefois, il a considéré que le nouveau cadre met un terme à une longue attentes de la part des hommes d’affaires et offre un cadre adéquat simple et transparent qui permette de stimuler l’investissement dans notre pays levant toute les barrières et garantisse une visibilité pour le monde des affaires.
Cependant, un certain nombre d’imperfections se posent. Il s’agit notamment de la volatilité du dinar tunisien, sujet d’actualité d’après lui, la tension sociale, le laxisme et autres maux qui sévissent dans les régions.
Pour lui le nouveau cadre juridique sur l’investissement « ne constitue pas une condition suffisante pour la relance de l’économie et de l’investissement tant nationale qu’étrangère, surtout dans le contexte actuel tendu et empreint d’incertitudes.
Car beaucoup reste à faire pour restaurer la confiance des opérateurs qui ne voient pas les choses bouger dans la bonne direction, et pour cause : la dégradation du monde de l’entreprise, le laxisme, la baisse de performance des administrations, l’instabilité du cadre fiscal, le retard enregistré par le secteur du transport et de la logistique, la volatilité du dinar, les hésitations à appliquer la loi, la persistance de la tension sociale commencent à enrayer les espoirs nés de la Conférence internationale sur l’investissement Tunisia2020 » et d’estimer qu’il faut agir avec célérité pour remédier à cette déplorable situation.
Dans le même sillage , Habib Gaïda, directeur général de la Chambre, a fait savoir à leconomisteaghrebin.com que le code de 1993 consacre tout un chapitre à l’exportation : « Nous avons eu l’impression que ce chapitre a disparu dans le nouveau cadre de l’investissement », fait-il savoir.
Evaluer le nouveau code ? D’après notre interlocuteur, il faut attendre au moins jusqu’au mois de janvier pour connaître la nomenclature des professions qui seront exonérées d’autorisation avant de revenir sur l’effet rétroactif de la contribution exceptionnelle de 7,5% imposée aux entreprises dans le cadre de la loi de Finances 2017.
Profitant de la présence du ministre, quelques hommes d’affaires ont adressé au ministres un certain nombre de remarques relatives à la situation du dinar tunisien et les exportations dans le code de l’investissement. Fadhel Abdelkeffi, de son côté, a préféré parler uniquement de ce qui a été accompli tout en indiquant le contexte économique difficile par lequel la Tunisie est passée : un déficit budgétaire et commercial abyssal, ce qui a obligé les gouvernements successifs à lever des fonds pour financer les déficits.
Cependant, une lueur d’espoir existe, d’après le ministre, les IDE sur le premier trimestre de 2017 ont progressé de 18%. « Je peux vous dire que la progression de l’investissement industriel en Tunisie de trimestre en trimestre est de 66% », affirme-t-il, le code d’investissement a été promulgué et les décrets d’application ont vu le jour et un récent accord a été fait avec le FMI.
Pour le ministre, la Tunisie demeure un pays compétitif. Message qu’il ne cesse de véhiculer : « Ce gouvernement n’a que huit mois, on ne peut aller plus vite que cela. », conclut-t-il.