En cette journée mondiale de la liberté de la presse, on a bien le droit à des critiques. Le Chef du gouvernement a déçu. Il a tranché vite et fort, mais pas en temps opportun peut-être. Il doit expliquer les circonstances dans lesquelles a été prise la décision du limogeage du ministre de l’Education et de la ministre des Finances.
D’abord, la désillusion à l’égard de ce limogeage est immense et risque de coûter cher au pays. Inutile, ce limogeage étonnant serait plus un mal qu’un bien pour le gouvernement qui voulait éviter une nouvelle confrontation avec la centrale syndicale. Pour le meilleur ou pour le pire, seul le temps nous le dira.
De toute évidence, tout cela nous mène à une question intéressante : le limogeage du ministre de l’Education et de la ministre des Finances suffirait-il à réformer l’éducation, améliorer la finance publique et relancer l’économie ?
Controversé et traité de tous les noms à plusieurs reprises malgré son charisme, le ministre de l’Education a été victime de grèves répétitives et de son désaccord avec le syndicat de l’enseignement secondaire, une sorte de bras de fer sans vainqueur, mais avec plusieurs perdants.
Le limogeage du ministre de l’Education, le dimanche 30 avril, à la veille de la Fête du travail, et à un mois des examens de fin d’année, a été perçu comme le cadeau du 1er mai offert par le Chef du gouvernement à la centrale syndicale à la suite d’un accord conclu entre le gouvernement et l’UGTT.
La ministre des Finances, quant à elle, a été victime des déclarations sur le dinar et son limogeage était, pour certains qui guettaient la moindre faute, inévitable. Voilà le moment est venu avec la forte baisse de la valeur du dinar pour l’attaquer avec flot d’accusations. Elle est enfin limogée.
On ne doute pas de la compétence des ministres qui vont succéder aux ministres limogés, mais l’on ne doute pas non plus de la compétence de M. Jalloul et Mme Zribi.
Le chef du gouvernement aurait dû limoger, comme l’a déclaré aujourd’hui Néji Jalloul aujourd’hui à un quotidien arabophone tunisien, d’autres ministres qui sont manifestement moins compétents que lui.
Rien ne permet malheureusement le même optimisme enregistré à la signature du Pacte de Carthage. A son arrivée au pouvoir, en pleine crise économique et politique, le plus jeune chef de gouvernement dans l’histoire de la Tunisie avait beaucoup promis et surtout la poursuite en justice des corrompus et des lobbies, la relance économique, la maîtrise du déficit commercial…
A sept mois ou presque, son bilan, encore incomplet ou encore loin d’être positif ? C’est un bilan très positif dans la lutte contre le terrorisme mais qui reste à prouver en économie. La période de grâce s’en est allée il n’y a pas si longtemps.