Pour les migrants l’accès aux soins de santé en Tunisie se heurte à un certain nombre d’obstacles d’ordre juridique, administratif mais aussi liés à des attitudes discriminatoires, voire parfois racistes. A cet effet, Médecins du Monde Belgique – section de Tunis propose, dans son dernier plaidoyer intitulé : « Plaidoyer pour l’accès des migrants au droit à la santé en Tunisie », une série de réponses à cette problématique.
Le point de départ étant un problème de perception, diverses actions pourraient être entreprises pour changer le regard porté sur les migrants, plus précisément des actions visant à changer les mentalités de manière à mettre fin à la stigmatisation, aux attitudes racistes et exclusives et à diffuser la culture des droits de l’Homme.
Devant l’absence d’une conduite bien définie chez les professionnels de santé, des efforts en matière de formation, notamment sur les questions des droits des migrants (plus particulièrement le droit des personnes porteuses de VIH qui souffrent de discrimination les empêchant d’accéder gratuitement au traitement) et à l’universalité de l’accès aux soins, doivent être entrepris. Une meilleure connaissance au niveau des structures de santé sur les prestations offertes aux étudiants migrants ainsi que leurs besoins spécifiques est nécessaire, plus particulièrement au niveau des structures dédiées à la médecine scolaire et universitaire.
Le dialogue s’impose aussi avec les migrants, par le biais d’actions d’information de proximité aussi bien au niveau des établissements de l’enseignement que dans les structures sanitaires. Mais également dans les points de rassemblement des migrants et dans les médias, dans une stratégie de communication bien ciblée et adaptée.
L’amélioration de l’accès aux soins passe également par une meilleure structuration des moyens mis en place par les institutions, en commençant par la supervision et le contrôle de la procédure rendant obligatoires certains examens et bilans médicaux pour les étudiants étrangers par le ministère de l’Enseignement supérieur.
La mise en place de procédures garantissant pour tous la confidentialité des résultats des examens, de même que la standardisation et uniformisation de la prise en charge des migrants, avec une approche fondée sur les droits humains, dans une stratégie globale multisectorielle de gestion de la migration, s’avèrent nécessaires.
La question étant politique, il est nécessaire que l’Etat s’engage à reconnaître et à garantir les droits des migrants. Plus concrètement, cela pourrait passer par la révision de la réglementation en vue de garantir la gratuité des examens obligatoires et l’extension de la couverture de l’assurance maladie à tous les étudiants. Cela pourrait également passer par la suppression des textes discriminants, en rappelant le droit constitutionnel de l’accès à la santé pour tous et la révision de la réglementation de la migration de manière à garantir le respect de la dignité et des droits fondamentaux des migrants.
Ainsi, donner les outils aux migrants leur permettant de mener un séjour dans un esprit de droit et d’égalité, c’est une autre manière de montrer une meilleure image de la Tunisie.