Youssef Chahed a réaffirmé hier sa détermination à mener la guerre contre la corruption qui gangrène le pays, au moment où l’opinion publique est désemparée. La vague d’arrestations du 23 mai a redonné espoir aux Tunisiens et un soutien inestimable au Chef du gouvernement.
Six ans après le 14 janvier, aucun des gouvernements successifs n’a procédé à une telle démarche coup de poing, notamment avec l’opération « Mains propres ». Même si ce coup de filet a redonné espoir, la question essentielle est de savoir qu’en sera-t-il demain ? A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, le chef du gouvernement s’est-il donné les moyens de mener à outrance la lutte contre la corruption ? L’interview qu’il a accordée aux quotidiens La Presse et Assabah apporte quelques éléments de réponse.
Dans cette longue interview, Youssef Chahed essaie de rassurer l’opinion publique en affichant une détermination à toute épreuve : « J’entends certains dire que c’est une campagne. Non, nullement, il s’agit plutôt d’une politique d’Etat. (…) La corruption chez nous est généralisée », s’est il insurgé.
Bassel Torjman, politologue, se réfère au discours d’investiture et sa guerre annoncée contre la corruption : « Les gens ne l’avaient pas pris au sérieux mais aujourd’hui, il vient de prouver qu’il est bien l’homme de la situation ».
Il souligne: « Youssef Chahed est sorti de son silence pour faire passer deux messages : le premier est celui de réaffirmer qu’il ne s’agit pas d’un règlement de comptes comme certains veulent faire croire et le deuxième est que ce n’est pas non plus une opération ponctuelle ».
« Cependant, renchérit Bassel Torjmane, l’échec n’est pas permis car les conséquences seraient lourdes aussi bien sur le plan national qu’international ».
Il conclut : « Youssef Chahed poursuivra sa guerre contre la corruption. Nous assisterons à d’autres arrestations parmi les hauts cadres des institutions de l’Etat. Dailleurs, Youssef Chahed a clairement dit que personne n’est au-dessus de la loi ».