A quelques semaines du sommet du G20 qui se tiendra à Hambourg, la chancelière allemande Angela Merkel a invité les 12 et 13 juin trois pays africains (Tunisie, Côte d’Ivoire et Ghana) à une conférence à Berlin sous le thème : « Partenariat du G20 pour l’Afrique : investir pour un avenir commun ».
La conférence a été l’occasion pour le gouvernement allemand de présenter son initiative intitulée « Compact with Africa » dont l’objectif principal consiste à sensibiliser et à inciter les investisseurs privés des pays du G20 à investir en Afrique.
Mme Merkel a parlé en toute franchise des motivations profondes de cet activisme allemand en faveur de l’Afrique : « Si le désespoir est trop grand en Afrique », dit-elle, « alors il y aura toujours des jeunes gens qui penseront pouvoir trouver une vie meilleure ailleurs dans le monde. Donc si nous travaillons ensemble à aider ces pays, nous pourrons créer davantage de sécurité pour nous et nous pourrons barrer la route à ceux qui profitent illégalement du destin de ces jeunes gens. »
Les choses sont donc claires. L’Allemagne, qui a reçu en peu de temps plus d’un million de réfugiés syriens, irakiens et afghans, redoute le déferlement de vagues de « réfugiés économiques » africains et opte pour la prévention en s’efforçant de créer en Afrique les conditions du développement et de la croissance qui seules sont en mesure de fixer les jeunes Africains chez eux et de couper l’herbe sous les pieds des « passeurs » qui profitent de leur désespoir et de leur misère pour s’enrichir.
Sur quels critères l’Allemagne a-t-elle choisi la Tunisie, la Côte-d’Ivoire et le Ghana comme seuls représentants de l’Afrique à la conférence de Berlin ? Le ministre allemand du Développement, Gert Müller, pour qui ces trois pays sont des « champions des réformes », a expliqué ce choix en ces termes : « Il y a des exigences envers ces Etats. Nous coopérons seulement si certaines conditions sont remplies. Par exemple, la lutte contre la corruption, la mise en place de cours des comptes et d’administrations fiscales. Donc les pays qui montrent la voie pour la transparence et les droits de l’Homme sont particulièrement encouragés. Nous avons besoin d’investissements privés et pour cela, nous avons besoin de sécurité juridique pour les investissements, et nous avons besoin de conditions commerciales justes.»
Le message est clair pour les trois pays invités, mais aussi pour l’ensemble des pays africains : qui veut les investissements privés n’a qu’à assurer la sécurité, la transparence et la primauté de la loi sans lesquelles aucun investisseur ne se hasarde à investir.
Concernant la Tunisie, l’invitation lui a été lancée pour l’encourager dans la bataille difficile et complexe qu’elle a lancée sur plusieurs fronts : contre le terrorisme et la corruption et pour la transparence et la réforme de la fiscalité. L’encouragement de l’Allemagne n’a pas été seulement symbolique (le bon accueil réservé au Président de la République à Berlin), mais matériel aussi.
La Tunisie, à l’instar des deux autres pays sélectionnés, bénéficie d’une enveloppe exceptionnelle de 300 millions d’euros sur trois ans (100 millions par an) qui serviront exclusivement à la formation professionnelle et à la création d’emplois.
Depuis que l’Allemagne a pris la présidence du G20 en décembre 2016, elle a promis à l’Afrique une place de choix et elle a tenu parole. Seulement les besoins de l’Afrique sont immenses et bien au-delà de ce que l’Allemagne et le G20 peuvent donner. Les perspectives de l’Afrique d’ici à 2050 sont effrayantes : à cette date le continent comptera 2,5 milliards de personnes et en 2030, près d’un demi-milliard d’individus seront à la recherche d’un travail !
Avec une telle masse humaine, aucun plan de développement ne pourra fonctionner. Les investissements les plus volumineux et les aides les plus généreuses ne pourront rien pour l’Afrique.
La seule chose qui la sauvera, c’est de commencer dès maintenant à s’aider elle-même en mettant en place le plus vite possible un programme de contrôle drastique des naissances, un planning familial d’envergure à l’échelle continentale.
L’exemple de la Chine est à méditer par l’Afrique. Sans son programme de contrôle drastique des naissances, elle n’aurait jamais pu réaliser les progrès gigantesques que l’on observe depuis trente ans.
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