Le problème de la résistance aux antibiotiques se pose de plus en plus, créant une crise urgente de santé publique. En effet, le cas d’une patiente décédée en janvier 2017 d’une infection causée par une bactérie résistante à quasiment tous les antibiotiques existants, avait suscité une polémique sur le pouvoir des bactéries à résister aux médicaments.
Face à cette question qui se fait de plus en plus pressante, les scientifiques se sont attelés à élaborer de nouveaux antibiotiques permettant de faire face aux nouvelles résistances acquises par les bactéries.
A cet effet, des scientifiques de l’Université Rutgers-New Brunswick (New Jersey) et de la société de biotechnologies NAICONS, sont parvenus à mettre au point un antibiotique efficace sur un large éventail de bactéries dont certaines résistantes. Ce nouvel antibiotique n’est rien d’autre qu’un composant biologique produit par un germe trouvé dans un échantillon de sol prélevé en Italie.
Il s’agit d’un inhibiteur de la multiplication de l’ADN des bactéries, ( inhibiteur de l’ARN polymérase bactérienne). Le produit baptisé pseudouridimycine (PUM), dont le mécanisme d’action est décrit dans un article publié dans le revue Cell, est un produit naturel qui inhibe de manière sélective l’ARN polymérase des bactéries in vitro, inhibe la croissance bactérienne en culture et a montré son efficacité pour le traitement de la péritonite sur un modèle animal (souris). Son mécanisme d’action est très similaire à celui de la Rifampicine, un antibiotique utilisé notamment pour le traitement de la tuberculose.
La pseudouridimycine (PUM) a montré sa capacité à lutter contre une vingtaine de bactéries dont certaines résistantes aux antibiotiques, et représente donc un espoir pour faire face à l’antibiorésistance.
« La découverte souligne également l’importance des produits naturels à l’origine de nouveaux antibiotiques », déclare Stefano Donadio, directeur général de la société NAICONS, qui a codirigé les recherches : « Les germes ont eu des milliards d’années pour développer des armes chimiques pour tuer d’autres germes », ajoute-t-il.
D’autres découvertes de ce type pourraient permettre d’envisager l’avenir avec plus d’optimisme, car en l’absence de thérapeutique adéquate, et de mesures de prévention menées à large échelle, les bactéries multi-résistantes pourraient causer la mort de 10 millions de personnes par an à l’horizon 2050, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
A l’échelle individuelle, pour lutter contre la résistance aux antibiotiques, il est conseillé d’éviter l’automédication et de se conformer aux prescriptions de son médecin.