Les habitants du village d’Ain Draham, plus particulièrement, la communauté des Krimi (Djebalis de Douar Kraimia à 5 km du village), sont très excités ces jours-ci. Et pour cause. La fille d’un des leurs, en l’occurrence R’haiem Krimi, magasanier à Stafim Peugeot (à la retraite) vient de réaliser l’exploit de se faire élire à l’Assemblée Nationale Française.
La franco-tunisienne Sonia Krimi a été élue, dimanche 18 juin, députée de la circonscription de Cherbourg (Manche), avec 60,93% des voix, en battant le candidat de La République en Marche, Blaise Mistler, au second tour des élections législatives 2017.
C’est de toute évidence un exploit pour cette novice en politique puisque c’est la première fois qu’elle se présente à une élection. C’est aussi un exploit lorsqu’on sait que Sonia Krimi s’est présentée sous la bannière « Majorité présidentielle » et non sous celle du mouvement d’Emmanuel Macron qu’elle a rejoint fin 2016. Effectivement, bien que proposée par le comité local du Mouvement pour les Elections législatives de 2017 dans la 4e circonscription de la Manche, le comité national « Investiture » lui a préfèré l’ancien juppéiste Blaise Mistler. Cela pour dire, non seulement que l’exploit était double et bien mérité mais aussi que la configuration politique en France a bien changé. Mais qui est la franco-tunisienne Sonia Krimi ?
Tout simplement, les Français de Cherbourg l’ont aimée et élue
Pour les Français, Sonia Krimi qu’ils aiment qualifier de «l’inconnue devenue députée» est cette habitante de Cherbourg de 34 ans qui vit en France depuis 12 ans, après avoir quitté sa Tunisie natale et obtenu la nationalité française il y a seulement 5 ans.
Toujours pour les Français, Sonia Krimi c’est aussi un CV impressionnant. Titulaire d’un doctorat en gestion et de deux masters, l’un en management, finance et contrôle stratégique, l’autre en commerce international, Sonia Krimi a enseigné à la Sorbonne. Elle enseigne la stratégie d’entreprise et le management. Elle conseille ensuite l’industrie nucléaire et s’installe dans le Cotentin en 2012.
Avec ce triomphe, Sonia Krimi a donné également une autre image de notre pays auprès des Français. La Tunisie étant assimilée, hélas, depuis l’avènement de l’Islam politique, à des djihadistes-terroristes bouchers ou chauffeurs suicidaires de camions-béliers.
En lui faisant confiance, les Français qui l’ont élue savent certainement ce qu’ils font. Ils sont plus que jamais persuadés que les Tunisiens sont, par essence, modérés, pacifiques et épris de paix. En somme, un excellent message pour notre tourisme.
Douar Kraimia, réprésenté à l’Assemblée française
Pour les Tunisiens, notamment pour la communauté de Douar El Kraimia que j’ai toujours préféré, pour l’humour, présenter à mes amis, comme «Kraimia City», c’est surtout un parcours exemplaire, un message et une belle histoire à raconter à nos petits-enfants.
Un parcours exemplaire en ce sens où Sonia Krimi, fille du peuple et de parents modestes, a cru fort, dès le départ, à la valeur travail et à l’éducation en tant qu’ascenseur social. C’est la religion des Krimi.
Elle a suivi toutes ses études dans des établissements publics républicains. Elle a suivi des études primaires à l’école El Hadika à la cité Ettahrir (quartier populaire à l’ouest de Tunis), des études secondaires au collège de Nebbeur (Nord-Ouestd ) et au Lycée pilote du Kef où elle a obtenu son Bac pour accéder ensuite à l’université plus exactement à l’Ecole supérieure de commerce (ESC) de La Manouba où elle a obtenu sa maîtrise en 2005.
Dotée d’une volonté de fer, elle est parvenue, par ses propres moyens, à arracher – au vrai sens du terme – une bourse pour suivre un 3ème cycle à Toulon en France. Cinq ans après, elle devait obtenir son doctorat et enseigner à la Sorbonne avant de migrer vers l’industriel et de s’imposer, pratiquement dans toutes les grosses entreprises françaises. A titre indicatif, elle a été auditeur au groupe international l’Oréal, leader mondial en cosmétique et en produits de beauté.
Le message de Sonia Krimi
Sonia Krimi est aussi pour nous les Krimi, et à travers nous, toutes les communautés enclavées et marginalisées, depuis l’indépendance, une victoire éclatante contre l’indigence, contre les handicaps affectifs, contre la précarité, contre toutes sortes d’autres privations. C’est la victoire de la volonté et rien d’autre.
Le message de sa victoire est des plus clairs. En dépit des tares et entraves à l’épanouissement individuel dont souffre structurellement notre pays : clientélisme, régionalisme, terrorisme, népotisme, réseautique mafieuse, inéquité des chances… avec de la volonté, de simples Tunisiens peuvent se distinguer et briller.
Le philosophe italien Antonio Gramsci disait, merveilleusement, à ce propos : «Il faut opposer au pessimisme de la raison l’optimisme de la volonté ».
Bravo, parce qu’elle le vaut bien
« La Tunisie étant assimilée, hélas, depuis l’avènement de l’Islam politique, à des djihadistes-terroristes bouchers ou chauffeurs suicidaires de camions-béliers »……n’importe quoi.
“La Tunisie étant assimilée, hélas, depuis l’avènement de l’Islam politique, à des djihadistes-terroristes bouchers ou chauffeurs suicidaires de camions-béliers” c’est dégoûtant de lire au milieu du texte, ce passage qui malheureusement ne passe plus, tout le monde c’est que la Tunisie est un havre de paix, même les tunisiens n’y croient plus à ce genre de remarques, que je qualifie d’idioties et de non respectueuses pour les lecteurs …
Énormément de mérite . Bravo ! Une occasion pour souligner la valeur de la femme tunisienne car elle évolue dans un environnement pas toujours épanouissant (ceci dit en dehors de tout slogan politique )
elle a eu un haut poste car elle a renié ses origines!! « Chaque année, le 13 octobre, Sonia Krimi fête un anniversaire particulier. Un anniversaire qui compte plus que n’importe quel autre. Pour l’occasion, elle organise un grand dîner et sabre le champagne. Des bulles pour se rappeler de la chance qu’elle a de vivre en France. Pour ne jamais oublier ce 13 octobre 2005 où elle est arrivée dans le pays dont elle avait tant rêvé. Tout juste débarquée de son Tunis natal, elle s’était installée à la terrasse d’un restaurant, Le Cabanon, face à la plage du Mourillon à Toulon. Elle avait commandé un sandwich jambon-beurre et un verre de vin qui avait plus que jamais le goût de l’indépendance… » vanity fair