Une hausse du prix du carburant à la pompe est entrée en vigueur à partir du 2 juillet à minuit. Cette augmentation est de l’ordre de 100 millimes pour l’essence sans plomb et de 90 millimes pour le « Gasoil 50 » et le Gasoil. Interpellé par leconomistemaghrebin.com, Fethi Nouri, universitaire et spécialiste en énergie, a affirmé qu’une telle augmentation était déjà prévue dans la loi de finances 2017 ayant pour objectif de faire face au déséquilibre budgétaire.
Il a noté, à cet égard, que dans le budget de l’Etat 2017, le montant alloué à la subvention de l’énergie est de l’ordre de 970 millions de dinars, dont 630 millions de dinars sous forme de subvention directe du budget et le reste récupéré de cette augmentation.
Cette mesure signifie que l’Etat n’a d’autre choix que d’augmenter les prix, surtout qu’après la révolution la masse salariale, à elle seule, a enregistré une hausse de 200% suite aux augmentations.
D’autre part, avec l’adoption de la réforme portant sur le mécanisme d’ajustement classique des prix du carburant, cette augmentation sera appliquée automatiquement à chaque fois que les prix à l’international augmentent.
Dans ce sens, M. Nouri a précisé qu’il faut que le Tunisien se convainque qu’on ne peut avoir une économie efficace, prospère et qui se respecte qu’avec la vérité des prix qui devrait être, selon ses dires, appliquée d’ici 2025 au plus tard.
Il faut, également, que le Tunisien arrête de se plaindre parce qu’on ne peut exiger des augmentations sans que cela n’entraîne l’augmentation des prix et ce, d’autant plus que l’économie du pays est grevée d’indicateurs alarmants, soit: un déficit budgétaire et commercial, un endettement élevé, un dinar dévalué…
Face à cette situation qui date depuis 2011 et persiste, l’Etat ne peut pas subventionner éternellement les matières premières, surtout qu’une grande partie de bénéficiaires sont des personnes aisées qui profitent de cette distorsion des prix.
En ce qui concerne l’impact de cette augmentation, Fethi Nouri a déclaré qu’il est double. Il s’agit de l’impact direct qui touche le consommateur et l’impact de second tour qui touche l’inflation et les industries énergivores. Mais ce deuxième impact n’est pas notable parce qu’on n’a pas de grandes industries énergivores en Tunisie. S’ajoute à cela les programmes de mise à niveau et de maîtrise d’énergie appliqués par la majorité des secteurs en Tunisie depuis quelques années, limitant au maximum le surcoût des augmentations.
D’ailleurs, l’impact sera proportionnel et diffère d’un secteur à un autre. Notons à titre d’exemple que le secteur textile aura une moyenne de surcoût qui varie entre 15 à 17%.
Au niveau de l’inflation, M. Nouri a fait remarquer que 10% d’augmentation des prix est l’équivalent de 1,1 point d’inflation, ce qui représente la moyenne enregistrée ces dernières années.