Cela devient désormais une habitude pour l’ex-président provisoire Moncef Marzouki de s’attaquer à son pays et à ses concitoyens sur des médias étrangers.
La dernière en date est l’interview qu’il a accordée en ce début de semaine à la chaîne qatari Al Jazeera.
Et comme cela est devenu une coutume chez lui, il n’a épargné personne. L’ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali, l’ancien chef d’état-major des armées Rachid Ammar, l’ancien ministre de la Défense nationale Abdelkarim Zbidi, tous ont été dans le collimateur de l’ex-président provisoire qui n’arrive apparemment pas encore à digérer sa sortie du palais de Carthage, malgré le « coup de pouce » inestimable qu’il a reçu à l’époque de la part de ses alliés islamistes de tous bords, le parti Ennahdha et autres factions salafistes alliées.
Le thème sur lequel Marzouki excelle le plus est celui du dénigrement des autres pour sortir dans la peau d’un champion. Revenant sur l’attaque de l’ambassade américaine à Tunis, survenue un certain 14 septembre 2012, Marzouki ne semble pas peser la gravité de déclarations dans lesquelles il a insinué l’existence d’un complot dans lequel étaient impliqués les hauts cadres militaires et sécuritaires de l’Etat.
En indiquant que les hauts cadres sécuritaires ont tous éteint leurs téléphones et devenus injoignables au moment de l’événement tout en ordonnant aux forces de l’ordre affectées sur les lieux de se retirer de leurs positions, en affirmant aussi que l’ancien chef d’état-major des armées Rachid Ammar a refusé d’obéir aux ordres de son président et d’envoyer des unités militaires pour protéger l’ambassade américaine, il ne reste à l’ancien président que d’affirmer un complot d’Etat visant les Américains.
Pour tenter de se purifier d’une alliance avec Ennahdha qui l’a propulsé au rang de président mais sans provoquer la colère du Cheikh, c’est Hamadi Jebali qui devrait être la cible. Et à Marzouki de déclarer que ce dernier a tenté de réaliser un coup d’Etat blanc en faisant part de sa volonté de réunir son gouvernement au palais de Carthage au lieu de la Kasbah et de mettre la sécurité présidentielle sous son autorité. L’objectif est de dire que, s’il ne s’était pas opposé à ces intentions diaboliques de la part du chef du gouvernement de l’époque, une réelle catastrophe aurait eu lieu lors de l’attaque de l’ambassade américaine. Tout ça pour dire que le vrai héros de ce 14 septembre 2012 était lui, car il a eu le courage d’envoyer la sécurité présidentielle pour protéger l’ambassade et les diplomates américains, parant ainsi à une opération de sauvetage héliportée qui était envisagée par les Américains.
Réagissant aux déclarations de l’ex-président provisoire, l’ancien ministre de la défense Abdelkarim Zbidi a jugé utile de rompre le silence et de donner son témoignage sur la réalité des faits qui se sont produits en cette journée du 14 septembre 2012. Dans une déclaration au journal Acharaa Al Magharibi, M. Zidi a fait part de l’intention de l’ex-président Marzouki de permettre à un commando de marines américains de débarquer en Tunisie pour effectuer une opération de sauvetage.
L’ancien ministre de la Défense nationale de l’époque a indiqué que le chef du cabinet de Marzouki, Imed Daimi, l’a contacté pour solliciter son accord pour un débarquement des forces des marines américains suggéré par la secrétaire d’Etat américain des Affaires étrangères Hilary Clinton. Une demande à laquelle il a opposé, ainsi que le chef d’état-major des armées Rachid Ammar, un refus catégorique de voir des forces armées étrangères débarquer sur le sol tunisien.
En outre, Abdelkarim Zbidi a laissé entendre que les Américains étaient au courant qu’une attaque se préparait contre leur ambassade. Pour preuve, 300 marines sont arrivés à Tunis à 2 heures de la matinée du 14 septembre 2012. Des instructions ont été tout de suite données pour leur interdire l’accès au territoire tunisien et de les fouiller minutieusement pour empêcher l’infiltration d’armes en Tunisie. Finalement, et devant son insistance, seulement quelques dizaines ont été autorisés à accéder au territoire sans armes en qualité d’agents de sécurité affectés à l’ambassade des USA.
Et à Abdelkrim Zbidi d’indiquer que sa démission, survenue le lendemain des événements de l’ambassade américaine, était un acte de protestation contre cette attitude qu’il a considéré « irresponsable » de la part de l’ex-président pour gérer la situation.