Un nouveau pas sera franchi: l’égalité devant l’héritage entre hommes et femmes. Une annonce faite par le Chef de l’Etat, à l’occasion du 13 Août. Jusqu’à présent, aborder ce débat était tabou. C’est une première qu’on en parle aussi ouvertement. C’est le moment ou jamais de se pencher sur le fond de cette question.
Sonia Naccache, universitaire, a soulevé que dans le combat pour l’égalité, il faut admettre deux vérités: « Éviter de croire que les femmes sont naturellement acquises à la défense de leurs propres droits. Combattre avec les hommes et ne pas préjuger de l’engagement d’une femme avant de l’expérimenter. Se méfier des femmes qui tentent de percer dans les milieux masculins. Ce sont les pires ennemies des autres femmes ».
Evoquant la question de l’inégalité successorale qui donne « aux frères une hégémonie de fait sur la gestion et la décision de partage des biens hérités ». Elle déclare: « Il en résulte que les biens immobiliers demeurent dans l’indivision et dans ces conditions, les héritières sont privées de la possibilité d’hypothéquer, notamment, pour monter une entreprise ou investir davantage dans une affaire ».
Selon elle, « un des grands freins à l’accès au crédit bancaire pour les femmes est le patrimoine familial dans l’indivision ». Elle déclare dans ce contexte que dans certaines régions de Tunisie, la sœur qui réclame sa part d’héritage à ses frères, est frappée d’opprobre, ou pire encore certaines femmes ne savent même pas qu’elles ont le droit d’hériter de leurs parents tellement c’est tabou d’exiger un quelconque partage. Et pourtant, entre frères l’idée de partage ne pose pas problème en général, parce que les frères ont tendance à accepter volontiers l’égalité dans le partage.
Et de conclure: « C’est dire à quel point le partage inégal de la succession crée une disposition intellectuelle à considérer les frères prééminents sur les sœurs et incite à penser que les droits des sœurs empiètent sur les droits exclusifs des frères ».