La suspicion est de mise. Pour de nombreux parents, les choses donnent l’impression de faire du sur-place. Pour la prochaine rentrée scolaire et universitaire, aucune précision ni information n’est venue clarifier un tant soit peu les objectifs et les aspects de la reprise de l’enseignement surtout que, celui-ci, s’est trouvé, par un phénomène d’accumulation, chargé de contrariétés et de sentiments latents de désillusion aussi.
La réforme tant attendue et non moins promise tarde à voir le jour et aucun signe n’est venu en annoncer le démarrage, encore moins la préparation. Des initiatives par le passé récent ont été, il est vrai, prises mais elles sont demeurées sporadiques, isolées, sans suivi et sans une réelle portée. Le sujet s’en est trouvé par conséquent desservi et l’on s’est trouvé à gérer une situation de plus en plus sujette à inhibition et à déception.
Revoir le produit de notre école et le profil général de l’enseignement afin qu’il réponde aux besoins de la scène sociale et économique, tel est l’objectif majeur qui doit être posé et le chantier impératif à engager. Or, rien n’a été fait jusqu’à présent malgré les promesses faites en ce sens. Le résultat est que l’on se découvre- encore une fois- à ressasser les mêmes questions à la veille d’une rentrée qui, d’ores et déjà, affiche toutes ses ambiguïtés et défis aussi. De surcroît- et situation exclusive pour cette année- le ministère de l’Education entame l’actuelle rentrée avec un statut bien particulier puisqu’après le départ de Néji Jalloul il demeure géré «par intérim». Autrement dit, il est conduit à la manière de la gestion minimale des services, juste pour permettre son travail de service public, sans plus. L’essentiel étant d’en assurer le fonctionnement au quotidien pour lui et tous les services et institutions qui lui sont rattachés.
L’on s’attendait depuis quelque temps à un remaniement ministériel dans le gouvernement d’union nationale qui verrait la nomination d’un nouveau ministre de l’Education, donc exclusivement chargé de ce secteur, ce qui aurait pour conséquence immédiate de mieux appréhender la rentrée, et à court terme de faire démarrer le projet de réforme de notre enseignement. Il est clair que celle-ci ne dépend pas, pour sa mise en route et la portée de ses objectifs, du seul ministère de l’Education mais manifestement d’autres partenaires, aussi bien dans le gouvernement que dans la société civile d’une manière générale.
Toujours est-il que l’éducation et l’enseignement supérieur sont les premiers concernés et devront faire de leur mieux pour éviter les obstacles qui sont de nature à freiner l’application des programmes d’action choisis. La majorité des intervenants dans le secteur a conscience des objectifs à atteindre et des « bévues» du passé à éviter.
Ils sont appelés à trouver les réponses adéquates que pose notre système d’enseignement actuellement. Ceci ne peut se faire dans un cadre momifié dans ses réflexes et contraint de gérer son quotidien avec des moyens de bord surannés. Il faut revoir toute l’approche adoptée pour notre enseignement et son rapport avec le marché du travail. Quel enseignement voulons-nous et quels sont les outils que nous devons lui fournir pour réussir le passage de témoin ente les programmes enseignés et le marché de l’emploi? Des questions que tout le monde connaît par cœur et qui, malheureusement, n’ont pas été posées comme il se doit et converties en programmes de travail et d’action. Le résultat est qu’encore une fois, on appréhende la rentrée scolaire cette année avec le même nœud à la gorge et, disons-le, les mêmes hantises. Nous ne faisons que voguer à vue. Encore une fois…