Le potentiel féminin est de notoriété publique considérable. Il peut en effet contribuer à l’économie locale et au développement social, pour peu qu’il soit bien exploité. Aujourd’hui, le chemin est encore long, beaucoup reste à faire. C’est dans le cadre de la perspective de rehausser davantage l’égalité d’accès des femmes au marché du travail, à la propriété, ainsi qu’aux services de développement de l’entrepreneuriat qu’une table ronde a été organisée sous le thème « Les femmes cheffes d’entreprises, un potentiel d’inspiration vers un pouvoir économique et politique ».
Il s’agit d’un état des lieux inspiré par le rapport sur les recommandations mentionnées dans l’étude de l’OIT en 2015 sur l’environnement du développement de l’entrepreneuriat féminin en Tunisie, ayant regroupé d’éminents intervenants et universitaires en vue d’évaluer les stratégies, plans d’action et programmes établis depuis afin de définir le rôle de la CNFCE dans l’appui aux efforts des acteurs nationaux pour soutenir le développement de l’entrepreneuriat féminin.
Après avoir stagné depuis de nombreuses années, la création d’entreprises par les femmes s’établit en Tunisie autour de 33%. L’ étude a montré que les femmes entrepreneures ont plus de chances de réussir.
« Pour une femme, mieux vaut entreprendre et oser », affirme de son côté Leila Boustangi, responsable Marché des PME à Attijari Bank. Elle ajoute: “ Beaucoup d’entre elles ont réussi dans tous les secteurs que ce soit dans les grandes entreprises ou les PME. Idem pour les petits métiers. Et de poursuivre: » A Attijari bank nous assurons l’accompagnement mais aussi nous soutenons une politique RCE, politique responsabilité civile et environnementale ».
Les critères pris en compte par l’étude sont l’environnement entrepreneurial, le leadership et les droits des femmes ainsi que l’inégalité des chances dans les postes de décision.
Présente lors du débat Neziha Laabidi, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance a souligné sur l’importance de promouvoir l’égalité des chances dans les postes de décision.
Pour Leila Belkhiria Jaber, vice-présidente de la CNFCE, les femmes sont convaincues d’avoir autant de chances que les hommes dans l’entrepreneuriat. Cela étant, quelles politiques ou stratégies adopter pour les encourager à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat et surtout quelle est la meilleure manière de les accompagner ?
Comment peuvent-elles évoluer ?
Elle précise dans ce contexte: « Mais pour y parvenir, il faut qu’il y ait un renforcement des compétences qui permette à la femme de briser ce plafond de verre. De ce fait, il faut mettre en place une stratégie genre au sein de l’entreprise pour recruter des femmes qui vont évoluer à l’échelle hiérarchique et pouvoir ainsi accéder aux postes de décision. C’est la recette miracle », soutient-elle.
Cela dit, renchérit Mme Belkhiria, les entreprises qui veulent entrer en Bourse et être cotées doivent avoir le système de quotas incluant les femmes chefs d’entreprise dans les conseils d’administration ». Elle ajoute: “ Il suffit d’instaurer les bonnes pratiques. Cela permettra une relance économique ».
Sylvain Bourgelas, directeur général du Centre financier dédié aux entrepreneurs Tunisie, affirme que « les femmes tunisiennes ont obtenu le droit de voter au même moment que les Canadiennes”. Il ajoute : « Comme on dit nos actions d’hier font ce que nous sommes aujourd’hui et nos pensées d’aujourd’hui font ce que nous serons demain. Nous sommes libres dans nos choix, nos actions et nos pensées ».
D’après l’étude de la CNFCE et l’OIT, en tout 104 femmes cheffes d’entreprises ont accédé à des postes de responsabilité au sein des bureaux exécutifs des chambres syndicales nationales formant des fédérations professionnelles. On note également une présence significative au sein de la Fédération de la Santé, mais une présence très faible dans les fédérations industrielles qui varie entre 1 et 3 membres.
C’est la conclusion de l’étude, les femmes entrepreneures ont le plus de chances de réussir, en suivant certaines recommandations comme la mise en place du renforcement des capacités en syndicalisme patronal des FCE, intégrer les femmes dans les instances décisionnelles et les structures représentatives.