Remaniement ministériel, nature du régime politique, l’indépendance des institutions constitutionnelles, les municipales, les réformes, ce sont autant de sujets abordés par le Président de la République, Béji Caïd Essebsi, lors d’une interview accordée au quotidien « La Presse » dans laquelle il a fait le point de la situation du pays, mais aussi des attentes des Tunisiens.
La Tunisie d’aujourd’hui comment est-elle perçue ? Sur le plan économique, « la situation est certes difficile mais pas désespérée », a déclaré le Chef de l’Etat.
Pour relever tous ces défis, le Président de la République conseille de commencer par la Constitution en vigueur, en y apportant les correctifs nécessaires. Et de souligner: » L’action du gouvernement est paralysée par le système en vigueur qui se soucie davantage de l’indépendance des institutions que de faciliter la bonne gestion du pays ».
Il ajoute: » Notre régime politique est un régime particulier qui fait que ces instances indépendantes bénéficient de prérogatives exceptionnelles au point de faire fi de l’autorité de l’Etat et des institutions constitutionnelles…Toutes ces pratiques interviennent sous le slogan de l’indépendance. Ainsi le vieux dicton “ al azri aqwa min sidou” ( le valet est plus fort que son maître). »
Pour mettre fin à la crise actuelle que vit le pays, poursuit-il, les choses doivent changer, il faut prendre les décisions qui s’imposent. Que pense-t-il de Youssef Chahed ? « Il est jeune, ambitieux et aussi compétent ».
Quant à la question du remaniement ministériel, Béji Caïd Essebsi n’a pas mâché ses mots : « Il s’agit bel et bien de la dernière chance pour remettre les pendules à l’heure et éviter toute dérive dangereuse pour le pays « .
Et sur la question du consensus avec le mouvement Ennahdha, il déclare :“ Nous nous sommes trouvés dans une situation très difficile et il fallait prendre la décision d’une alliance gouvernementale qui soit une solution d’apaisement aux problèmes posés”.
Les municipales
“Il faut que les municipales soient prises au sérieux dans la mesure où elles constituent le socle fondamental du pouvoir démocratique et l’une des dernières étapes du processus transitoire », a-t-il répondu.
Les grandes réformes sont à inscrire dans l’Histoire, “ mais que faire quand les élites craignent ces mêmes grandes réformes ?”.
Quelle vision pour la Tunisie de demain
Telle est la grande question évoquée à la fin de l’interview. Au-delà de la relance économique, le Président de la République voit dans le destin de la Tunisie la réussite. Il conclut: “De sa réussite dépendra la réalisation de la sécurité et de la paix dans le monde”.