Le leadership féminin est un atout considérable. S’il était mieux exploité, il pourrait indéniablement contribuer à l’économie locale et au développement social. Pour mobiliser le monde des affaires, il va falloir promouvoir les talents féminins. Aujourd’hui, le chemin est encore long.
Une journée de réflexion sur les femmes entrepreneures dans le monde économique s’est tenue aujourd’hui, ayant regroupé d’éminents intervenants et universitaires en vue d’évaluer les stratégies, plans d’action et programmes aptes à soutenir le développement de l’entrepreneuriat féminin.
Selon l’étude du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance( 2015), 55 000 entreprises sont gérées par des femmes, soit 8% de toutes les entreprises dans le secteur formel. Quant à la part des prêts accordés aux femmes, seules 9 % de femmes ont obtenu un crédit moyen de 158000 dinars contre 232 000 dinars pour les hommes.
Soukaina Bouraoui, Directrice Exécutive de Cawtar, affirme que la haute responsabilité dans la fonction publique est portée par des femmes. Tout comme elle a insisté sur les besoins des PME en leadership féminin ainsi que sur l’accès au crédit qui devrait être facilité aux femmes. Elle ajoute: « Nous avons besoin de nous inspirer de modèles comme la Suède et la Norvège ».
L’invitée d’honneur Selima Ahmad, présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bangladesh, a parlé de son parcours de femme d’affaires : mariée à l’âge de 16 ans, maman à 17 ans, les choses n’étaient pas faciles pour elle. Partie de rien, elle vendait des automobiles dans un petit garage avec un budget de 500 dinars. Aujourd’hui, son chiffre d’affaires atteint les 500 millions de dollars ! Elle emploie 5 mille personnes. Sa botte secrète : ne pas perdre confiance en soi et aller de l’avant. Selon elle, l’entrepreneuriat est le meilleur tremplin pour réhabiliter les femmes.
De son côté, Lamia Zribi, présidente du Conseil National de la Statistique, a indiqué que la femme entrepreneure est une réalité concrète en Tunisie, mais les contraintes sont restées toujours les mêmes : manque de ressources financières, sans parler des contraintes familiales et socio-culturelles. Interrogée sur le plan politique, elle a répondu qu’il y a régression, pour peut- être rebondir plus tard, parce que probablement la femme politique n’arrive plus à trouver sa place.
Par ailleurs, Pamela Beecroft, Senior program officer Middle-East and North Africa, du Center for International Private Enterprise (CIPE), estime que « les hommes et les femmes se heurtent aux mêmes obstacles. Pour lever ces barrières, femmes et hommes doivent travailler en groupe et développer des solutions qui vont mener à un changement de l’écosystème ».
L’une des recettes de réussite est sans conteste la compétence et ne jamais baisser les bras devant les obstacles. Amel Ben Farhat, présidente de l’INNORPI en témoigne, en nous évoquant son parcours qui n’a pas été simple : “En 1988, j’étais jeune ingénieure. Pour être promue en tant que telle, c’était le parcours du combattant. Il a fallu quadrupler d’efforts. Aujourd’hui, après 29 ans de carrière, je gère des fonds de plus de 23 millions de dinars ».
« Mon message aux jeunes générations est de croire en elles », conclut-elle.