Nos ambassades sont-elles outillées pour des tâches qui nécessitent beaucoup de coordination ? Certes, les bonnes volontés existent et même les circuits sont huilés, mais l’administration a encore ses pesanteurs qui ne facilitent pas toujours l’action.
L’initiative est sans doute louable. Elle sied bien du reste à un gouvernement « de guerre » ou « de la dernière chance ». Il s’agit de la création d’un secrétariat d’Etat chargé de la Diplomatie économique.
Une structure qui est de nature à renforcer cette tendance permanente aujourd’hui en Tunisie d’aller à la conquête de marchés étrangers. A l’heure où le pays est, de ce point de vue, pratiquement dos au mur : exporter ou mourir.
Mais si les vœux sont bons, il faut se demander si le pays a, dans ce domaine, les moyens de sa politique, tant la tâche est des plus ardues et des plus complexes.
Rattraper un certain retard
Pour s’en rendre compte, il faut aller regarder du côté de la diplomatie tunisienne qui, si elle s’est réveillée depuis quelques années sur l’importance de l’économique et de la communication, n’est pas toujours bien outillée.
La Tunisie tente de rattraper un certain retard, mais elle a perdu déjà beaucoup en matière de représentations diplomatiques du moins dans certaines régions du globe où se dessine l’avenir du monde, notamment en Afrique et en Asie.
Des parties du monde, dont certaines en développement, où d’autres pays ont avancé, depuis des années, avec beaucoup d’assurance. Multipliant les ouvertures d’ambassades et ce qui va avec telles les lignes aériennes et maritimes, les banques et assurances et les structures d’appui.
Un seul diplomate cumule beaucoup de fonctions
De plus, nos représentations n’ont pas toujours le personnel pour agir. Dans certaines ambassades, et en raison de l’austérité qui s’est emparée du budget de l’Etat, un seul diplomate cumule beaucoup de fonctions. Il s’occupe aussi bien de la coopération culturelle, éducative, économique et financière…
Bien des diplomates qui sont dans cette situation ne savent plus où donner de la tête. Et ne peuvent pas toujours mobiliser toute l’énergie nécessaire pour aller sur le terrain à la rencontre des opérateurs : chambres de commerce, organisations patronales, investisseurs.
Sans oublier qu’ils n’ont pas toujours reçu, mis à part quelques heures de formation, à l’Institut diplomatique par lequel ils passent avant d’intégrer officiellement les structures du ministère des Affaires étrangères, la formation adéquate.
Il n’y a pas que l’exportation
Comme ils n’ont pas de budgets particuliers pour inviter leurs interlocuteurs, par exemple, à des restaurants et de leur faire des cadeaux. Des exigences lorsqu’on fait des prospections ou on veut entretenir des relations.
Doit-on occulter, par ailleurs, que la diplomatie économique exige un grand travail de coordination ? S’il est certain que la Tunisie a accompli de nombreux pas dans ce domaine, il n’en demeure pas moins que la tâche n’est pas des plus faciles.
L’existence du CEPEX (Centre de Promotion des Exportations) ne suffit pas à cet effort déjà engagé. Dans la mesure où la coopération est largement variée –il n’y a pas que l’exportation- et appelle à un surcroît de coordination avec une foule de structures qui interviennent dans beaucoup de domaines : la collecte d’informations, le conseil,…
Le fait de placer le secrétariat chargé de la Diplomatie économique sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères devrait renforcer la coordination entre ce ministère avec nombre de structures qui peuvent l’aider dans l’exécution de cette mission.
Reste que cette coordination n’est pas facile étant donné le vécu tunisien. Certes, les bonnes volontés existent et même les circuits sont huilés, mais l’administration a encore ses pesanteurs qui ne facilitent pas toujours l’action.