Si la question de parité homme-femme a bondi dans les débats lors de la conférence internationale sous le thème “ Femmes et pouvoir local”, cela n’empêche que la réalité est tout autre. En France par exemple, plus de 40% des femmes sont représentées dans les conseils municipaux, en revanche, il n’y a pas plus de femmes élues maires, contrairement aux hommes, qui demeurent à 84%. Comment expliquer cette inégalité en matière de politique locale?
Rencontré lors de la conférence, Romain Sabathier, ancien secrétaire général du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes en France et co-fondateur d’Intersections, un bureau d’études conseil-formation spécialisé sur l’égalité homme-femme contre les discriminations, a évoqué l’importance de lutter contre les inégalités.
Il déclare: « On observe en France un certain recul par rapport aux lois dites de parité car la première loi a été votée en 2000, soit plus de 15 ans d’expériences sur ce sujet. Mais pour faire bouger les choses, il a fallu passer par la loi comme le fait actuellement la Tunisie. Et c’est très important comme un premier pas ».
Et de poursuivre: « On sait également qu’au delà du partage des places dans les mairies, il faut parler « du partage du pouvoir ». Car une fois élu, il est important de se pencher sur la question: comment est répartie la distribution du pouvoir dans les Assemblées municipales? Et c’est à partir de là qu’on peut observer les inégalités entre les hommes et les femmes: les postes clés comme ceux de la Finance, de la Défense sont réservés aux hommes alors que pour les femmes, on leur laisse les dossiers liés au social, l’enfance, etc… ».
Interrogé sur les solutions? Il a répondu: « On devra s’assurer que le pouvoir est distribué d’une manière égalitaire aussi au sein des assemblées élues. Ce qui permet d’ajuster les politiques au fur et à mesure et de repérer les lois contournées. Il a cité l’exemple de l’absence de parité dans les fédérations sportives. En Tunisie, il faut franchir le pas et étendre la parité politique à la sphère économique et sociale ».
Cela dit, même s’il y a une parité poussée par la loi, l’instrumentalisation des femmes dans le paysage politique est une réalité, que ce soit en Tunisie ou ailleurs, car le phénomène est mondial. M Sabathier a souligné: » Il me semble en effet nécessaire de poser la question car à un moment donné nous avons eu une première phase où les femmes élues étaient souvent des femmes façades, c’est à dire, elles sont moins compétentes que les hommes élus. Pour cause, elles sont souvent des membres de la famille”.
Et d’ajouter: « Mais la principale difficulté est qu’on doit lutter contre le sexisme en politique, qui est une forme de sanction exercée sur les femmes pour leur rappeler qu’elles sont illégitimes dans cette sphère. Ce qui est tout de même insupportable car elles ont leur place autant que les hommes ».
Selon lui, appréhender ce sexisme en prenant dès à présent des mesures pour prévenir le sexisme en politique. Autrement dit, « donner confiance aux Femmes non pas demander aux femmes de changer, mais c’est à la politique de changer » , a-t-il poursuivi.
Comment lutter contre le sexisme en politique ?
Il conclut: « Une des conditions d’un réel changement est de mener des campagnes nationales pour faire comprendre aux hommes leur rôle mais aussi celui d’un mari, un père à la maison et une autre campagne nationale au delà du devoir de mère pour que les femmes considèrent leur devoir de citoyenne afin d’être les maires de demain ».