L’ISIE est aujourd’hui réduite à se voir de nouveau ballottée entre les rives, manifestement escarpées, des considérations partisanes et des calculs de clans plus préoccupés par leurs propres intérêts que ceux du processus constitutionnel et de l’indépendance des institutions.
Tentatives avortées par deux fois, en l’espace de deux jours, de redresser la barre et d’élire un nouveau président à la tête de l’ISIE. Le pays a été contraint de « ronger son frein » et d’attendre encore. Le 26 septembre est, à ce titre, à marquer d’un trait rouge parce qu’il restera dans les annales comme étant la date de l’impuissance collective devant le gâchis des dissensions, des désaccords et, en un mot, des tiraillements et calculs politiciens.
La conséquence est que cette instance constitutionnelle a été, encore une fois, acculée de « voguer à vue ». Une situation qui, désormais, ne lui semble pas étrangère puisqu’elle en est à son sixième mois confinée à ce statut.
Déception après déception
Deux candidats étaient en lice, en l’occurrence Anis jarboui et Nabil Baffoun. Il aurait suffi que l’un deux obtienne au moins 109 voix pour que tout soit fait. Mais les résultats sont venus confirmer les appréhensions. Le premier n’ayant obtenu que 78 voix et le second 76. Les résultats du mardi 26 septembre ont réédité le constat négatif puisque M. Baffoun a obtenu 73 voix et M. Jarboui 68.
Pourtant, le sort était différent quelques jours auparavant puisque les élections au sein du parlement ont permis sans trop d’accrocs de choisir les 3 nouveaux membres au sein de l’instance. Pourquoi alors, l’échec en ce qui concerne le poste du président ?
Les raisons sont multiples et sont inhérentes en tout état de cause aux considérations d’ordre politique qui alimentent les partis politiques en concurrence, principalement Nida Tounes et Ennahdha. Ces derniers sont entrés en tractations avec les blocs composant l’ARP et sont arrivés, chacun de son côté, à rallier certains d’entre eux, le résultat ayant reproduit cette approche de démarchage et d’appels de voix. Faute d’unanimité autour d’un seul candidat, il était presque attendu que les voix allaient se disperser et rester bien loin du score à trancher.
Les accusations de Sarsar
Qu’on se rappelle les conditions qui ont accompagné l’annonce de démission de Chafik Sarsar, le président sortant de l’ISIE avec le vice-président Mourad Mouelhi et Lamia Zargouni. Chafik Sarsar a expliqué que de nombreux facteurs l’ont amené à la décision de rupture. Cela faisant, il a pointé du doigt certaines pratiques au sein de l’instance qu’il a jugées inacceptables et abusives, lesquelles risquent de faire capoter tout le processus électoral.
Il était presque certain que cette démission serait lourde de conséquences du fait des accusations qui ont été faites à l’encontre de nombreux membres au sein de l’instance. Des accusations qui traduisent, en fait, un état de malaise de l’allégeance à des partis politiques et le potentiel d’influence de ces derniers sur le travail futur de l’ISIE. Et cet état de s’installer depuis et de se répercuter sur le cours des choses par la suite, allant jusqu’à mettre en jeu sérieusement l’élection de nouveaux membres aux postes demeurés vacants depuis plus de six mois.
Si une solution après moult tractations en ce qui concerne le remplacement des membres démissionnaires de l’ISIE par l’élection tout dernièrement de Anis Jarboui, NajlaBrahem et Farouk Bouaskar qui viennent de rejoindre le groupe et de participer en début de semaine au premier conseil au complet (avec 9 membres) de l’instance, la polémique reste béante en ce qui concerne le vote pour le poste de président.
Toujours est-il que cela n’empêchera pas l’activité de l’instance de suivre son cours puisque la majorité absolue est requise pour le vote des décisions, soit l’aval des 6 membres seulement. Les trois membres nouveaux se voient de la sorte intégrés dans un processus qui peut les dépasser en les mettant dans des situations où ils devront se plier aux choix de la majorité. Cette situation ne peut se désengager d’une manière claire que par le fait de pourvoir au poste de la présidence de l’ISIE. Or, tout le problème est là dans le contexte actuel puisque aucune issue, durant deux tentatives, n’a pu départager la concurrence entre les candidats Anis Jarboui et Nabil Baffoun du fait justement des calculs politiciens et du tiraillement régnant au sein d’une classe politique de plus en plus partagée.
D’ailleurs, c’est justement cette question de neutralité politique des membres de l’ISIE qui s’est imposée dès le commencement des tractations électorales à ce propos. Beaucoup d’accusations et d’allusions ont été faites concernant les deux candidats à la présidence, contrecarrant par-là les dispositions légales en vigueur, lesquelles stipulent en substance que la neutralité est une condition sine qua non et qu’aucune adhésion à un parti politique n’est acceptée de la part des candidats durant au moins les cinq années qui précédent la candidature.
Et maintenant ?
Le processus des municipales étant engagé, cela risque de déboucher sur des situations pour le moins que l’on puisse dire toutes aussi gênantes qu’incongrues. Déjà, le défi s’annonce pour le 7 octobre prochain, soit dans une semaine exactement, date prévue pour le renouvellement de la composition du conseil de l’instance qui se fait, rappelons-le , par un tiers tous les deux ans, comme le stipule la loi en vigueur.
Cette échéance posera un nouveau défi à l’instance qui en plus du fait qu’elle n’a pas de président sera dans l’obligation de subir une situation d’une extrême sensibilité du fait même des tractations qui accompagneront l’étape de renouvellement du tiers. Imaginons alors qu’une vacance survienne.
Les choses sont pour le moment condamnées à rester en l’état, un niveau qui est loin d’inciter à l’optimisme. Les jours prochains, l’ISIE sera appelée à chercher une voie de sortie. Les embûches sont nombreuses devant cette instance, bien divisée en son sein et exposée à toutes les tentations politiques.
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