Pour le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique Slim Khalbous, c’est l’heure de faire le bilan des activités de son département. Retour sur le bilan chiffré.
Lors d’une conférence de presse tenue hier à Tunis, le ministre a présenté la nouvelle vision pour l’avenir de l’université tunisienne. La dernière version du plan de réforme sera annoncée à l’occasion de la tenue des assises nationales de la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement supérieur qui se tiendront les 2 et 3 décembre prochain. La réforme proposée sera planifiée à travers cinq commissions. Chaque commission évaluera les répercussions juridiques de la réforme envisagée. La formation universitaire et l’employabilité, les enseignants universitaires, la gouvernance, la carte universitaire, la recherche et l’innovation sont les cinq axes de cette réforme.
Quelle université voulons-nous ?
En réponse à cette question, Slim Khalbous estime qu’il s’agit d’une université qui consacre tout type de liberté, bénéficiant d’une bonne gouvernance, qui soit intimement liée à son environnement, notamment le monde de l’entreprise et des affaires et une université avec un regard prospectif sur l’avenir.
82 établissements universitaires ont été créés de 2001 à 2005 mais vu l’absence de ressources financières, le ministère s’est trouvé dans l’obligation de louer des locaux qui n’étaient pas souvent adaptés au bon déroulement des études, regrette le ministre. Raison pour laquelle, le ministère s’est trouvé dans l’obligation de rationaliser les dépenses et d’entamer des travaux d’aménagement et de construction dans plusieurs établissements universitaires.
101 locaux ont été construits et 136 établissements aménagés et huit établissements universitaires créés entre 2016-2017, à savoir l’ISTIC Borj Cédria (11,4MDT), l’ISCAE Bizerte (7,6MDT), l’ISEAH Zaghouan (6,5MDT), l’ISSAT Mahdia (8 MDT), l’ISET Tataouine (15,2MDT), l’ISEAH Mehdia ( 3,3MDT), l’ISI Mahdia (8MDT) et le Centre de recherche en textile à Monatir ( 8MDT).
Valorisation des œuvres universitaires
Au niveau de la restauration, le ministre a fait savoir que les services des œuvres universitaires fournissent 15 millions de repas chaque année universitaire et que le coût unitaire du repas revient à 7,500 DT. Notons que ce même repas est vendu aux étudiants à 200 millimes. « Cependant certains restaurants universitaires qui sont prêts à fonctionner ne sont pas encore opérationnels faute de recrutement et par manque de traiteur », avance-t-il. Il s’agit de restaurants universitaires construits en 2013, 2014 et 2015.
Les recrutements seront lancés bientôt pour l’ouverture des restaurants surtout que des discussions sont en cours avec le ministère des Finances pour allouer un budget supplémentaire à cet effet. Tout en reconnaissant les problèmes de l’hygiène dans les restaurants universitaires, le ministre a tenu à rassurer son auditoire en affirmant qu’il s’agit d’un nombre très limité et que le ministère prend en charge ce genre de situation.
Côté santé, le ministre a indiqué que des cellules d’écoute psychologique ont été mises en place au sein des établissements universitaires au profit des étudiants.
Concernant le logement, les foyers universitaires publics ne disposent que de 63.000 lits – 2800 lits ont été ajoutés en 2017. Le droit au logement dans un foyer universitaire a été allongé : désormais il sera de trois ans pour les filles et deux ans pour les garçons. Selon le ministre, 100% des étudiants éligibles au foyer universitaire ont été logés et 35% des étudiants l’ont été à titre exceptionnel.
En outre, un programme a été mis en place pour l’aménagement de 96 espaces en commun dans les foyers universitaires afin de les équiper de commodités, jeux et wifi gratuits pour les étudiants. 50% de ces espaces seront prêts vers la fin de l’année universitaire 2017/2018.
Un centre culturel et sportif à Sfax d’un coût global de 0,8MDT et un complexe sportif à Borj Cedria d’un coût de 2.8MDT sont au programme. De même, une expérience pilote sera envisagée, à savoir deux piscines pour les étudiants seront construits.
Pour la bourse universitaire, le ministre a fait savoir qu’elle a été revue à la hausse pour tous les niveaux. L’université tunisienne compte 100.000 boursiers soit 42% des étudiants, ce qui coûte à l’Etat 148 MDT.
Revoir la pédagogie
Le ministre a fait savoir que le nombre de participants au programme Erasmus est passé de 700 à 1500. Sur un autre volet, une filière Energies renouvelables a été lancée à Tataouine tout en prenant en considération les spécificités des régions. Concernant l’accréditation, un certain nombre d’établissements universitaires ont pu l’obtenir. A cet instar, le ministre a rappelé qu’à partir de 2023, les universités européennes ne traiteront qu’avec les universités tunisiennes ayant des accréditations. D’ailleurs, Sup Com, Esprit et ENIT ont déjà obtenu des accréditations.
Pour des diplômes employables
Le ministre a indiqué que le nombre des espaces 4C au sein des universités va passer de 76 à 100 espaces fin 2017. Rappelons que ces espaces, qui existent au sein des universités, ont pour mission de préparer les étudiants à la vie professionnelle et de leur fournir un minimum de soft skills. Ces espaces sont gérés par des responsables du secteur public et privé.
En 2014, les universités tunisiennes comptaient uniquement 6 espace 4C. De même, le ministère a signé un partenariat avec avec Microsoft qui s’est engagé à attribuer annuellement 20.000 vouchers de certification MOS/MTA aux étudiants et le déploiement en cours de la plateforme « Imagine Academy » dans le 4C à devenir des centres de certification Microsoft. Sur un autre volet, il a fait savoir que le ministère a signé un partenariat avec la fédération des TIC pour l’élaboration d’un observatoire et faciliter l’embauche des diplômé en TIC.
Le ministre est revenu sur le lancement du statut « Etudiant entrepreneur » financé par l’Union européenne dont le démarrage est prévu pour fin 2017 et la création du projet « Docteur en entreprise » qui est encore en cours. Le projet « Docteur entrepreneur » va démarrer fin 2017. Il consiste en des sessions de formation en montage de projet et la sélection de 500 projets pour un financement de 100 mille dinars.
Nouvelle vision de la recherche scientifique
Désormais, il y aura des domaines de recherche prioritaires, à savoir la sécurité énergétique et hydrique, le projet sociétal (éducation, culture et jeunesse, santé, transition numérique et individuelle, gouvernance et décentralisation et économie circulaire) auxquels a été alloué un montant de 2 MD. Le lancement de l’appel d’offres est prévu pour fin octobre 2017.
Coopération internationale : cap sur l’Asie
Il s’agit de soutenir et de restructurer la coopération avec les partenaires traditionnels et historiques, notamment les pays arabes et l’Europe. De même, le regard est braqué sur les pays asiatiques. L’un des objectif est d’attirer un maximum d’étudiants de l’Afrique subsaharienne pour étudier en Tunisie et exporter les compétences tunisiennes en Afrique.