Quels sont les grands défis économiques et les enjeux budgétaires pour une sortie de crise économique ? Ce sont autant de questions que les parlementaires de la commission des finances ont débattu avec les représentants du FMI autour d’une table ronde ayant pour thème: « Les défis économiques et les enjeux budgétaires de la Tunisie ».
Il est clair que personne ne peut nier que la situation est alarmante, où tous les indicateurs sont au rouge. Avec une augmentation des recettes d’un point en l’espace de dix ans et de cinq points pour les dépenses courantes, que faut-il faire justement pour booster l’investissement et parvenir à une croissance de 3% telle que prévue dans le plan quinquennal ?
Pour une large majorité des experts économiques présents, la solution consiste à contenir la masse salariale de la fonction publique, ce qui engendrera la réduction des dépenses. « Le problème n’est pas lié au sureffectif mais plutôt à la productivité« , a soulevé Olfa Soukri Cherif, vice-présidente du Réseau mondial parlementaire Banque mondiale.
Selon elle, cet élément peut paraître paradoxal. Il existe en effet une incohérence et un manque de visibilité des réformes. Le vrai problème consiste à établir de vrais indicateurs de perfor-mance et de redéploiement », a-t-elle dit. On retiendra de son intervention deux thèmes majeurs, un redéploiement de l’effectif, prélude à une amélioration de la productivité et une action vigoureuse pour un meilleur recouvrement fiscal.
A l’heure où le pays est confronté à de graves enjeux économiques, la question de politique de développement est à l’ordre du jour. A cet effet, Mme Soukri Cherif a souligné: « le but est de discuter ensemble d’alternatives possibles et de meilleures pratiques de réformes dans la région ».
Il est à rappeler que le réseau parlementaire de la région MENA, présidé par la Tunisie, est lancé depuis décembre 2016. Notons aussi que cette rencontre a pour objectif principal de tracer de nouvelles pistes d’action pour des politiques de développement, mais aussi de poser les vraies questions : quel est l’apport des bailleurs de fonds en tant qu’experts en la matière en termes d’appuis budgétaires.
Face à ces blocages, il est important de trouver des solutions concertées, dans une période de crise. S’agissant de la crise économique, il y a une question centrale : relancer l’investissement, activer le partenariat public privé, engager les réformes au niveau de l’ éducation, favoriser la création des startups ? Où en sommes-nous pour faire les assainissements nécessaires, notamment ceux des finances publiques?
Quelles solutions pour une sortie de crise économique?
De son côté Abderraouf El May, député indépendant et membre de la commission des finances, est revenu lui aussi sur la masse salariale. Il a déclaré: « Le problème n’est pas lié à la masse salariale, mais comment augmenter les recettes de l’Etat. On y parviendra à travers la lutte contre la corruption, une lutte plus soutenue et efficace », a-t-il conclu.
D’autres ont évoqué la cession des entreprises publiques comme solution, c’est ce que nous a affirmé Slim Besbes, député du mouvement Ennahdha. Il précise: « A ma connaissance, le gouvernement prépare la cession de la participation de l’Etat dans certaines banques comme la Banque Tuniso-Emiratie BTE, la BTK, la STUSID, El Baraka. Ce sont des participations non stratégiques qui peuvent être mises à la vente ».
« D’autre part, on peut toujours conserver le caractère public de certaines entreprises à l’instar de la SNDP. Ce sont des entreprises en bonne santé financière qui peuvent être plus performantes lorsqu’on injecte un sang neuf. De ce fait, l’Etat gagnerait beaucoup au niveau de la cession partielle de ces participations », a-t-il conclu.
Compte tenu des discussions ayant eu lieu aujourd’hui, la plupart des parlementaires sont convaincus que les solutions existent pour une sortie de crise, non pas par la compression de la masse salariale, mais en insistant sur l’amélioration de la productivité et la réhabilitation de la valeur travail.