La Loi de finances 2018, votée par les députés hier en Algérie, prévoit une augmentation des dépenses sociales malgré la baisse des recettes due à la chute des prix du pétrole brut.
Depuis la chute du prix du pétrole brut, l’Algérie en subit les contrecoups en termes de revenus budgétaires et de réserves de change, d’autant que l’or noir constitue 95% de ses recettes extérieures.
La Loi de finances – LF 2018 prévoit une hausse de 7,9% des dépenses sociales, à savoir la subvention de nombreux produits de base, les aides aux logements, l’éducation et les soins gratuits. Ces dépenses représenteront 12,8 milliards d’euros, soit 8,4% du PIB et 20% des dépenses de l’État, estimées à 62,8 milliards d’euros.
En réaction, l’économiste Abderrahmane Mebtoul a affirmé, dans sa déclaration aux médias, que «cette hausse des dépenses vise à pallier l’augmentation sur les marchés des prix de produits importés subventionnés».
Et d’ajouter: «La LF 2018 a fait un équilibre entre la chute des recettes des hydrocarbures et un souci de cohésion sociale à la veille de la présidentielle de 2019. Il n’y aura pas de réformes structurelles avant 2019. Le politique prime sur l’économique à la veille d’échéances électorales et ce n’est pas propre à l’Algérie».
Il a souligné que «le maintien de ce système de transferts sociaux au-delà de cette échéance dépendra des rentrées pétrolières».
LF 2018 : création ou hausse de taxes
Le budget 2018, établi sur la base d’un baril à 50 dollars pour un cours actuel de 58 à 60 dollars, prévoit une hausse de 9,8% des recettes fiscales pour des recettes totales établies à 47,3 milliards d’euros, soit un déficit budgétaire de 15,5 milliards d’euros.
Ainsi, la taxe sur les produits pétroliers augmentera de 17% pour l’essence et de 11,5% pour le gazole. Une nouvelle taxe sera, également, appliquée au tabac avec une hausse de 10% d’une taxe déjà existante. Une taxe de 1% sur toutes les importations est ainsi créée.
A cet égard, l’économiste Abdelatif Rebah a précisé, dans sa déclaration à la presse, qu’ «il faut faire attention aux retombées inflationnistes de la taxe sur les produits pétroliers, estimant que les commerçants vont répercuter la hausse sur les prix».
Sur un autre plan, l’économiste a regretté l’abandon du projet d’impôt sur la fortune basé sur le patrimoine, soulignant qu’ «il s’agit d’une mesure qui aurait permis l’équité fiscale».
Cela engendre, selon ses dires, «un manque à gagner fiscal supplémentaire, alors que le montant de non-recouvrement des impôts s’élève à des centaines de millions d’euros».
Dans le même sillage, M. Mebtoul a déclaré que «le retrait de cet impôt sur la fortune aura des effets négatifs auprès de l’opinion publique, tout en l’estimant inapplicable en Algérie, faute de système pour détecter qui est riche et qui est pauvre et en raison de l’importance du secteur informel dans l’économie».
A noter que la LF 2018 est établie sur la base d’une croissance de 4% contre des prévisions du FMI de seulement 0,8%.