Le ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, Anouar Maârouf, a été l’invité de l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE), dans le cadre des mardis de l’Atuge. Le débat a été modéré par l’ancien président de l’Atuge, Ouissem Ghorbel. Situation du secteur des TIC et le très haut débit ont été au cœur du débat, lors de la soirée du 28 novembre.
Quel bilan pour le secteur TIC ?
Le ministre a tenu à préciser d’emblée qu’il ne détient pas toutes les réponses possibles sur les interrogations. A cet égard, il a préféré entamé la conférence en exposant des chiffres sur la réalité du secteur des TIC. Le secteur en chiffres représente 4,6% du PIB. « Un chiffre qui ne représente pas une grande part du PIB contrairement à d’autres pays où le secteur des TIC représente un taux à deux chiffres du PIB », fait-il remarquer. En termes de chiffre d’affaires, c’est un secteur qui réalise 6 milliards de dinars dont 20% en 2016 proviennent de l’exportation des services. Le nombre des diplômés en TIC est considérable. En 2016, le nombre des diplômés en TIC était de l’ordre de 10.500 diplômés en 2016 « parfois nous frôlons les 12 mille ». Cependant la contribution du secteur à l’emploi et à l’employabilité demeure faible étant donné qu’elle atteint 2,8% en 2016. « Mais il s’agit d’emploi qualitative » dit-t-il.
Revenant sur la stratégie digitale 2020, le ministre a exprimé sa fierté «d’avoir réalisé le programme de la stratégie digitale 2020 dans le cadre d’un PPP, ce qui a favorisé le consensus autour de la stratégie », dit-il. Cette stratégie ambitionne à faire du digital un moteur de croissance économique et positionner le pays comme un hub technologique.
La stratégie en question comprend quatre axes, à savoir infrastructure, e-gov, e-business et smart Tunisia. A cet égard, le ministre a fait savoir que chaque fois que la stratégie se déploie cela permet de toucher les vrais problèmes.
Par ailleurs, il s’agit de prioriser le secteur dans un pays où le tourisme et l’agriculture sont les domaines prioritaires et dans un pays où tout le monde estime que son secteur est prioritaire, continue-t-il. Anouar Maârouf a rappelé qu’en Tunisie il n’y a pas encore une culture du digital, malgré l’engouement manifeste d’une large frange de la population surtout parmi les jeunes.. Il ajoute : « Il faut se rendre compte que le digital représente un formidable potentiel en termes de développement économique. Notre objectif premier est d’accélérer le rythme d’exécution des projets programmés ».
Quant au bilan de mi-mandat, le ministre a précisé qu’en ce qui concerne l’infrastructure, « on a la main haute et on maîtrise la chaîne de valeur. On avance très bien ». Dans le même contexte, le ministre a fait savoir que l’Etat est appelé à satisfaire les besoins des zones blanches. D’ailleurs, il a été décidé d’investir dans 112 zones blanches pendant l’année 2018. La priorité est de couvrir tout le territoire tunisien par le haut débit d’ici 2020, selon le ministre.
Concernant l’ e-gov, le ministre a indiqué que le rôle du ministère est de cultiver au sein des administrations l’esprit de l’entraide à travers un système de correspondance électronique qui a été mis en place. Le ministre a expliqué que dès qu’une demande ou un dossier débarque au bureau de l’ordre, il est numérisé et suit un parcours électronique pour le traiter. Cette méthode est opérationnelle dans six ministères. Et d’autres ministères ont manifesté leur intérêt pour adopter cette démarche. Cette méthode permettra d’assurer la traçabilité des papiers et des documents, indique-t-il.
Revenant sur le sujet de l’identifiant unique, Anouar Maârouf a indiqué que ce projet était relégué sur une fiche confinée dans une armoire avant sa nomination. « Dans ce pays, on a du mal à prendre les bonnes décisions », regrette-t-il. Il conclut en assurant que les résultats de son travail se verront les prochaines années.
A quand le très haut débit… ?
En ce qui concerne le très haut débit, le ministre a indiqué qu’après le 14 janvier, il n’a jamais été parmi les priorités de l’Etat dans le domaine des TIC. Pour cela, dira-t-il, il faut créer une dynamique pour favoriser le très haut débit.
Concernant l’appel d’offres qui a permis à un opérateur turc d’obtenir la License du très haut débit, le ministre a indiqué que cela s’est fait dans le cadre de la loi et conformément à la législation en vigueur. Dans le même contexte, il a fait savoir que Google a voulu obtenir une licence de très haut débit en Tunisie gratuitement et sans appel d’offres, « mais ce n’était pas possible de répondre à sa requête », a-t-il conclu.