Invité par le Courant démocrate à propos d’un débat sur le PLF 2018, Habib Karaouli, président-directeur général de la Banque d’Affaires de Tunisie, dresse un état des lieux de la situation économique du pays. Selon lui, une loi de finances doit être génératrice de croissance et non son contraire.
« Nous avons un problème au niveau de l’administration qui a besoin d’une refonte générale pour relancer l’investissement« , déclare Habib Karaouli en préambule. Il précise: « Pour savoir où l’on va, il faut avoir un business plan, une stratégie minutieusement élaborée ».
Il poursuit : « Les experts en économie reprochent au PLF 2018 d’être dans une position tendancielle stationnaire. En d’autres termes, il ne se dégage pas de ce PLF rien de nouveau, pas de stratégie ni de feuille de route qui indique la voie à parcourir pour déboucher sur une croissance saine et durable qui puisse désenclaver les régions laissées-pour-compte et contenir le chômage« .
Il ajoute : « Je l’ai déjà dit en mars 2011, toutes les politiques économiques, monétaires et sociales seront désormais évaluées à l’aune du désenclavement régional et de l’éradication du chômage, les deux principaux facteurs déclencheurs de la révolution« .
Il a également souligné: « Ces deux objectifs doivent être notre boussole. Cette prise de conscience est malheureusement absente du PLF 2018 puisqu’aucune mesure n’a été prise dans ce sens, celui de l’employabilité et de l’équilibre régional« .
M. Karaouli ajoute : « Alors qu’au moment où nous voulons encourager l’investissement dans les régions défavorisées, le taux d’intérêt dans le marché monétaire est de l’ordre de 5.23%, cela n’augure rien de bon. En outre, il faudrait plutôt encourager l’épargne « , a-t-il dit.
A propos de l’endettement, il a souligné qu’avant, l’endettement était essentiellement intérieur. Après le 14 janvier, l’endettement extérieur atteint plus de deux tiers du PIB. « Je l’ai dit en juillet dernier que l’endettement risque de frôler les 83%, en tenant compte des engagements des entreprises publiques par rapport à l’emprunt », conclut-il.