Les élections municipales sont à l’ordre du jour. Régulièrement différés, elles semblent inquiéter l’Establishment politique : pouvoir et opposition.
Elles s’inscrivent dans la gouvernance territoriale, régionale et locale, que la Constitution de 2014 a institutionnalisée. La constitution propose, en effet, d’établir une décentralisation permettant d’atténuer l’opposition cotes/régions intérieures, puisque les acteurs locaux se chargent d’assurer la politique de développement, en relation, bien entendu avec le pouvoir central. Les collectivités, seraient ainsi appelées, à jouer le rôle de soutien et de promoteur et non de simple relais du pouvoir central, pour assurer la transition environnementale, éco-conception, le développement de l’économie verte, l’économies d’énergie, accordant la priorité aux énergies renouvelables (hydrauliques, énergie solaire, moulins à vent).
Les discussions actuelles transgressent ce projet ambitieux de décentralisation. D’ailleurs les budgets de l’Etat ne le dotent pas de moyens nécessaires pour faire face à ses prérogatives. D’autre part, la non élaboration du Code des collectivités locales montrent une redimension des structures locales, par rapport aux élections présidentielles et parlementaires.
Autre fait, les mécanismes de « la démocratie participative » que les élections municipales et régionales mettent en œuvre, constituent un mode de gestion inhabituel. Ces donnes expliqueraient les réserves de la classe politique, en dépit de ses positions différentiées, sur le choix de la date annoncée du 25 mars :
La nouvelle troïka (Nahdha, Nida, Watani Hor) a demandé au comité des élections le report des élections municipales. Serait-elle insuffisamment préparée ? Certains évoqueraient la formation éventuelle de listes municipales tripartites, avec la participation de ses trois composantes. Voulait-elle geler le statu quo ?
Par contre, une dizaine de partis, fondés par des anciens dirigeants de Nida Tounes et réunis, le 12 décembre au local du parti Afaq, souhaitent le respect de cette date. D’ailleurs, leur mouvance, en faveur d’une concordance, limiterait, d’après ses fondateurs, son action aux élections municipales, sans ambitions politiques déclarées.
Ces discussions attesteraient une occultation des enjeux de la décentralisation. Or, la gestion des collectivités, d’après la constitution, transgresserait les problèmes municipaux habituels (propreté, bâtiments etc.).
En dépit de leurs oppositions, toutes ces formations politiques défendent une politique de démocratie bourgeoise. Pourraient-elles traiter, par le simple biais des élections municipales, cette dichotomie post-révolution, entre la classe politique et l’opinion publique, qui fait valoir, en toutes circonstances, la satisfaction de ses attentes ?