Le thème de l’endettement public est devenu un vrai casse-tête. Tout le monde en parle : experts (vrais et faux), politiciens et représentants de la société civile, mais sans donner une solution. La plupart se contentent de contester l’absence d’un audit sur ces dettes, et certains d’entre eux vont jusqu’à demander la suspension des remboursements avant de connaitre l’utilisation de ces fonds.
Bien évidemment, les autorités sont loin d’accepter de telles suggestions équivalentes à un défaut de paiement. Cependant, il ne faut pas nier que la situation est en train d’empirer et qu’un taux d’endettement de 75% du PIB serait, à notre avis, atteint sous peu.
Nous sommes en train de nous rapprocher du point de non-retour par rapport aux équilibres macroéconomiques et la résolution de la question de la dette est une condition sine qua non pour atteindre les niveaux de croissance souhaités.
L’engagement extérieur de la Tunisie se monte à 76 milliards de dinars, un chiffre qui fait froid dans le dos. A court terme, il n’y a aucune solution magique, mais dresser une feuille de route est possible.
Conversion de la dette en investissements
Le premier pas est de travailler sur la conversion de la dette en investissements. Pour plusieurs de nos créanciers, cela ne correspond pas à un effort particulièrement important. De plus, cette transformation se fera via des financements utilisant des produits et services acquis auprès du pays en question.
Pour que cela se concrétise, il convient de présenter des projets réels et prêts à être mis en place. Il ne faut pas compter sur la conversion de l’intégralité de la dette, mais si nous parvenons à en convertir 5%, cela signifie qu’un gain de 3,8 milliards de dinars pourrait être réalisé. Une telle somme est capable de révolutionner la santé publique dans les régions intérieures à titre d’exemple.
En parallèle, il convient de procéder au reprofilage de la dette en deux étapes. La première est de proposer à certains créanciers (hors bailleurs de fonds internationaux) de nouveaux échéanciers de remboursement afin d’obtenir une extension des maturités, sans alourdir les charges d’intérêts. Gagner un délai supplémentaire de quelques années permettrait d’alléger les tensions sur le budget de l’Etat et de lui donner une marge de manœuvre supplémentaire.
En second lieu, il faut traiter les crédits pour lesquels ni une conversion en investissement ni un allongement de maturité n’a pu être réalisé, en particulier ceux dont le coût est exorbitant et procéder à des remboursements anticipés. Par quels moyens? Nous n’avons pas plusieurs choix : la cession d’actifs. D’ailleurs, c’est l’occasion de lancer un vrai partenariat avec un secteur privé capable d’injecter les fonds et de créer de l’emploi et de la valeur.
Outre cette feuille de route, peu de solutions se présentent pour la dette extérieure. Pour les levées de fonds sur le marché monétaire local, la situation est plus facile à gérer.
A titre d’exemple, les autorités peuvent lancer une amnistie pour attirer la liquidité de l’économie souterraine conditionnée par l’injection de cet argent dans des véhicules d’investissement à moyen et long termes gérés par l’Etat. Les solutions à ce fardeau existent donc. Il faut juste oser, sauf que nous responsables manquent vraisemblablement de créativité.