Selon une note publiée aujourd’hui par l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE), pour 2018, le service de la dette atteindra un niveau attendu record, en représentant 22% des dépenses publiques.
L’OTE souligne aussi que le remboursement de la dette extérieure a explosé à partir de 2017 avec la fin de la période de grâce octroyée à la Tunisie par les bailleurs de fonds étrangers. Le coût de l’endettement intérieur est devenu prohibitif suite au vote de l’indépendance de la BCT et à l’interdiction de prêter directement à l’Etat. Face à ces évolutions inquiétantes, la Tunisie va-t-elle pouvoir franchir le Mur de la dette?
L’augmentation vertigineuse de la dette publique de la Tunisie commence à se faire sentir dans le budget de l’Etat à travers le service de la dette, c’est-à-dire le remboursement annuel de la dette publique intérieure et extérieure, intérêts compris.
A ce propos, l’observatoire a rappelé «que le service de la dette a quasiment toujours été le premier poste de dépense de l’Etat, avec une moyenne de 19% des dépenses publiques sur la période 2008-2018. Alors que la part du service de la dette dans les dépenses publiques est passé de 20% en 2008 à 17% en 2011 pour se stabiliser à ce niveau jusqu’en 2016, cette part a explosé à partir de 2017, mais d’une manière assez curieuse».
Service de la dette (2017) : 7 Mds de dinars
En effet, alors que la loi de finances 2017 votée fin 2016 prévoyait un service de la dette publique autour de 5,8 Mds de dinars, la loi de finances complémentaire 2017 votée en décembre 2017, au même moment et donc masquée par la loi de finances 2018, ajustait ce service de la dette pour l’année 2017 à 7 Mds de dinars. Soit une différence d’estimation de 1,2 Mds de dinars !
« Le Ministère des Finances explique cette différence par le remboursement du prêt qatari, dont nous connaissions la date de remboursement depuis au moins l’événement Tunisia 2020 où une partie des promesses qataris allaient servir à rééchelonner notre dette envers le Qatar. Les années 2017 et 2018 annoncent ainsi ce que certains appellent le «Mur de la dette» qui correspond au début du remboursement de tous les prêts octroyés par les bailleurs de fonds étrangers qui avaient accordé des périodes de grâce à la Tunisie pour le remboursement du principal de ces dettes», souligne l’OTE.
L’observatoire a observé une explosion du principal de la dette extérieure à rembourser à partir de 2017. De même, à partir de la même année, il observe également une forte augmentation des intérêts de la dette intérieure.