Le jeudi 21 décembre 2017 restera dans l’histoire de l’ONU comme la journée où la tension entre les Etats-Unis et Israël d’une part, et le reste du monde, d’autre part, a atteint une intensité sans précédent.
L’Assemblée générale de l’ONU, réunie en urgence pour discuter de la décision de Trump sur Jérusalem, s’est transformée en une arène pour Israël qui s’est déchaîné contre l’ONU, la traitant de « maison du mensonge », et pour les Etats-Unis de menacer de couper l’aide à tout pays qui votera contre leur décision sur Jérusalem.
« Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et ensuite ils votent contre nous », a fulminé le président américain à la veille du vote. « Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup d’argent ».
Ceci pour le président de la plus grande puissance du monde. Quant à sa représentante à l’ONU, Nikki Haley, dans une tentative désespérée de dissuader les pays pauvres, et ils sont nombreux, de voter avec les Palestiniens et contre les Etats-Unis, elle les a menacés en ces termes : « Les États-Unis noteront les noms. Le président observera attentivement ce vote et il a demandé que je lui signale les pays qui auront voté contre nous ».
Il aurait été nettement plus facile pour elle de noter les pays qui ont voté avec les Etats-Unis et qui sont, à part Israël, le Honduras et le Guatemala, en plus des grandes puissances du Pacifique, c’est-à-dire les îles Marshall, la Micronésie, Nauru et Palau.
Quand la Maison-Blanche est dirigée par un incompétent de la trempe de Trump, les conséquences sont forcément graves pour un pays qui se donne en exemple et qui ambitionne de généraliser l’American way of life aux quatre coins du monde. La gifle reçue par les Etats-Unis jeudi 21 décembre à l’ONU est historique.
D’abord ce pays s’est auto-giflé lui-même et s’est auto-humilié en se permettant de tenir un discours honteux plein de menaces adressées aux pays pauvres de ne plus recevoir l’aide américaine dans le cas où ils voteraient contre leur « bienfaiteur ». La plupart des diplomates présents à l’Assemblée générale se sont dits « sidérés » et ne croyant pas leurs oreilles qu’une superpuissance puisse descendre si bas.
Ensuite, l’Amérique s’est fait humilier par ceux là-mêmes qu’elle menaçait avant le vote : tous les pays arabes et musulmans, l’écrasante majorité des pays asiatiques et la quasi-totalité des pays européens (dont les poids lourds Grande-Bretagne, France et Allemagne) ont voté contre la décision de Trump et ont ignoré les mises en garde de Nikki Haley.
Sur les dix premiers bénéficiaires de l’aide américaine, seul Israël a voté avec les Etats-Unis. L’Afghanistan, le Pakistan, l’Egypte, la Jordanie, la Tanzanie, le Nigeria, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud et beaucoup d’autres ont voté contre et répondu par le mépris aux vociférations et aux menaces de Trump et de sa représentante à l’ONU.
Outre l’humiliation subie par Washington, la décision de Trump sur Jérusalem a donné un coup d’arrêt à la stratégie américaine de mobiliser le Moyen-Orient contre l’Iran. Or, ce pays a voté jeudi à côté de l’Arabie saoudite et des autres pays musulmans contre les Etats-Unis et Israël, ce qui prouve l’incompétence et l’incapacité de Trump et de son équipe de mettre en place une stratégie claire et cohérente.
Enfin, le vote de jeudi à l’Assemblée générale a aligné 128 pays dont la quasi-totalité des pays influents dans le monde (Chine, Inde, Russie, Union européenne), ce qui prouve que le monde va dans le sens inverse de celui souhaité par les Etats-Unis. Il démontre sans l’ombre d’un doute que le rêve américain d’un monde unipolaire que Washington ferait marcher au doigt et à l’œil s’est définitivement évaporé.
La leçon à tirer de tous ces événements déclenchés par la décision futile de Trump de reconnaître Jérusalem comme « capitale éternelle » d’Israël, démontre à ceux qui en doutent encore que le monde est multipolaire et que les Etats-Unis, même avec ses 700 milliards de dollars de budget annuel pour son armée et ses 850 bases militaires aux quatre coins de la planète, ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent et sont incapables d’imposer leurs caprices aux autres.
Donald Trump et Nikki Haley par leur arrogance, leur ignorance et leur incompétence ont mis leur pays dans le pétrin. Car, désormais, les Etats-Unis se retrouveront dans une situation extrêmement embarrassante qu’ils gardent pour eux leur argent comme ils ont menacé de le faire, ou qu’ils ignorent leurs menaces proférées avant le vote, avec les conséquences dévastatrices que cela entraîne pour leur crédibilité.