Tout le monde, une fois dans sa vie, s’est laissé emporter par l’euphorie que peut procurer le shopping. Le revers de la médaille est quand la fièvre acheteuse s’empare de certains et devient une addiction. Bonjour les dégâts.
Le phénomène est plus fréquent chez les femmes. Pour certaines, cette frénésie d’achat de vêtements à la mode, de chaussures dernier cri, de produits de maquillage tendance semble combler un vide. Qu’en pensent ces dames ?
Sabrine Goubantini, parlementaire, affirme que les Tunisiens sont autant concernés que les Occidentaux : « Oui, je le pense pour la simple raison que nous sommes des bons vivants par nature. Les Tunisiens ont les mêmes habitudes de consommation que les Occidentaux, ils aiment sortir, faire la fête. Cette mentalité nous vient de ce qu’on appelle l’ascenseur social de Bourguiba« .
Elle ajoute: “Le Tunisien est un amoureux de la vie et aspire toujours à un niveau de vie plus élevé, d’où cette habitude du shopping. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir les files devant les boutiques en période de soldes et de fêtes (spécialement l’Aïd), mais aussi l’encombrement en été (période de mariages). Sans oublier le nouveau phénomène de vente en ligne qui cartonne surtout à travers des réseaux sociaux et les vide-greniers”.
La fièvre acheteuse n’est pas qu’une simple expression, « c’est véritablement la panacée à notre stress quotidien« , rappelle Wassila Daoud, fonctionnaire, tout en soulignant: « Le shopping est largement bénéfique et conduit à améliorer mon humeur. En effet, il me soulage du stress et de l’anxiété, contribuant à mon meilleur bien-être. »
Qu’en est-il pour les hommes, sont-ils aussi concernés?
Même si les hommes ont tendance à ironiser sur ce qu’ils définissent comme étant une manie typiquement féminine, certains en deviennent accros sans s’en rendre compte.
Fares Ben Sassi nous relate comment il est devenu accro au shopping : « Je suis issu d’un milieu social modeste. Chez nous, les plus jeunes portent les vêtements de leurs aînés. Plus tard, quand j’ai eu mes premiers salaires grâce à un job de cadre dans un grand cabinet d’audit, je n’étais pas particulièrement attiré par le shopping. Je me contentais de l’essentiel. Sans oublier que chez nous les vêtements de qualité sont hors de prix même pour les salaires élevés et le moyen de gamme est peu attrayant ».
Il ajoute : « Mais il y a quelques années, je suis parti pour une mission de 3 mois aux USA. Et là ce fut le déclic! Je suis devenu un mordu du shopping! Pour plusieurs raisons. D’abord, une question de pouvoir d’achat. Mes revenus s’étaient multipliés par cinq et en même temps, les vêtements de qualité coûtaient trois fois moins chers que chez nous. La tentation était grande et je me suis surpris à acheter du superflu ou en tout cas ce qui n’avait pas d’utilité véritable. J’achetais juste pour le plaisir d’avoir de beaux vêtements et d’en offrir. «
Il conclut: « Dans les enseignes comme Macy’s, vous trouvez un choix énorme, il y en a pour tous les goûts et à vrai dire, c’est en traînant des heures et des heures dans les rayons que j’ai découvert que j’avais des goûts vestimentaires et un style. Cette fièvre acheteuse est certainement l’effet de la machine du Marketing américain très efficace et qui vous matraque du matin au soir entre les promotions, les offres et tout le reste, vous finissez par céder! Cette frénésie du shopping c’est tout de même calmée après mon retour en Tunisie. Ici les prix flambent chaque jour pour une qualité qui ne donne simplement pas envie. C’est de l’arnaque« .
Sur le plan sociologique, l’addiction au shopping est définie comme un besoin inconscient de combler un vide dans l’affect de certaines personnes. On n’hésite plus à en parler comme un anti-dépresseur qui procure du bien-être pour dissimuler le côté pathologique. A tous les accros du shopping, et à ceux les plus compulsifs d’entre eux, souhaitons que la nouvelle année leur apporte un brin de sagesse car le bien-être c’est avant tout la mesure en toute chose. Bon shopping à toutes et à tous !